Deux organismes de transports en commun de la Rive-Sud remettent déjà en question les coûts et la pertinence des 76 nouveaux départs par semaine sur le réseau des trains de banlieue de la métropole, annoncés en octobre par la ministre des Transports du Québec, Julie Boulet.

La publication des horaires de ces nouveaux départs, jeudi dernier, par l'Agence métropolitaine de transport (AMT), a aussi incité plusieurs usagers réguliers des trains de banlieue à contacter La Presse, pour mettre en doute l'utilité de la très grande majorité de ces ajouts de service, hors des périodes de pointe.

Ces nouveaux horaires entreront en vigueur le 12 janvier prochain, sur quatre des cinq lignes de trains de banlieue de la métropole. Ils entraîneront des dépenses d'exploitation de 13,6 millions par année, selon des données de l'AMT.

En vertu des règles actuelles de financement, la moitié de ces coûts (6,8 millions) seront assurés par Québec. Les municipalités absorberont 40% de la facture, soit 5,4 millions. Les usagers paieront le reste (environ 1,4 million) à travers la tarification.

Or, dans une virulente sortie à l'endroit de l'AMT, l'agence provinciale responsable des trains de banlieue de la métropole, le Réseau de transport de Longueuil (RTL) et le Conseil intermunicipal de transport (CIT) de la Vallée du Richelieu affirment n'avoir «pas été consultés sur l'opportunité d'ajouter 20 départs par semaine sur la ligne de trains de Mont-Saint-Hilaire/Montréal, ni même sur la capacité des municipalités que nous desservons d'assumer les contributions additionnelles et les coûts reliés au rabattement des autobus».

Dans une entrevue à La Presse, la présidente du RTL, Mme Johanne F.-Deshaies, a précisé que les coûts d'exploitation et le coût des rabattements des autobus vers les gares de l'AMT, s'élèveront à environ 1 million de dollars par année, pour les municipalités de Longueuil et de la Vallée du Richelieu.

Cette facture, souligne-t-elle, est d'autant plus difficile à avaler «que les départs ajoutés, en milieu de journée et en soirée, ne conviennent pas à notre clientèle».

«Il faut se demander, concluent le RTL et le CITVR, dans communiqué conjoint émis vendredi, si l'AMT nous considère comme de vrais partenaires ou seulement comme des payeurs de factures. Malheureusement, il semble que l'AMT soit le seul maître à bord du train.»

Des mesures urgentes

Des 76 départs hebdomadaires annoncés, seulement 20 sont en vigueur durant les pointes du matin et du soir (un aller et un retour quotidien sur les lignes Dorion-Rigaud et Delson-Candiac).

Sur la ligne Deux-Montagnes, qui génère à elle seule près de la moitié de la clientèle de tout le réseau de l'AMT, deux départs sont ajoutés chaque matin en direction de Montréal aux «épaules de la pointe», à 5h30 et 9h22, soit avant et après la période de plus grande affluence.

Presque la moitié des nouveaux départs annoncés (soit 36 sur 76) sont prévus en mi-journée, en soirée, ou durant les week-ends.

À l'AMT, on explique que ces ajouts de service ont dû être négociés de haute lutte par l'AMT avec le CN et le CP, les deux géants du ferroviaire qui sont propriétaires des chemins de fer utilisés par les trains de banlieue. Cette initiative faisait suite à l'appel de la ministre des Transports, Julie Boulet, qui réclamait la mise en place urgente de nouveaux services de transport collectif, à la suite de la flambée des coûts de l'essence du printemps dernier.

«Il est clair, a reconnu la vice-présidente aux communications de l'AMT, Mme Marie Gendron, que la formule choisie pour subventionner ces ajouts, combinée aux règles de financement actuelles de l'AMT, a eu pour effet de produire une facture qui a surpris les municipalités.»

Les municipalités de Longueuil et de la Vallée du Richelieu ne sont pas seules à s'en plaindre. La semaine dernière, La Presse révélait que l'ensemble des municipalités de la métropole réclame des transferts de fonds totalisant 12,5 millions de l'agence provinciale, pour aider au financement de services de transports en commun projetés en 2009, notamment sur le réseau des trains de banlieue.

À défaut, le monde municipal menace de désavouer le budget 2009 de l'agence gouvernementale lors de la prochaine assemblée du conseil des élus de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), jeudi prochain.

Selon des sources de La Presse, le MTQ aurait déjà proposé de prendre en charge 50% (environ 2,7 millions) des nouvelles dépenses annuelles qui incomberont aux municipalités desservies, pour ces 76 départs additionnels.

Cette nouvelle querelle métropolitaine sur le financement des nouveaux services de transports en commun, pourrait aussi ouvrir la voie à une refonte en profondeur des règles de financement de cette agence provinciale, qui est de plus en plus contestée par les municipalités et les organismes de transport collectif locaux.