Le chef de l'opposition à l'hôtel de ville, Benoit Labonté, s'est dit «estomaqué» d'apprendre que deux membres importants du parti du maire Gérald Tremblay ont siégé à deux comités de sélection de la SHDM, qui ont entre autres recommandé de vendre le terrain du Faubourg Contrecoeur à Construction Frank Catania.

«À partir du moment où des officiels hauts gradés du parti siègent sur des jurys de sélection qui octroient des contrats, est-ce qu'il y a des liens qui en découlent pour le financement du parti? Je n'ai pas la réponse, mais je pose la question», a dit M. Labonté, hier.

 

Cette question, il veut la poser à la ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau. «Plus le dossier de la SHDM avance, plus il se complique, dit-il. J'ai l'impression que le maire essaie de mettre un couvercle de plus en plus petit sur une marmite qui grossit de jour en jour.»

Marc Deschamps, l'agent officiel du parti du maire, Union Montréal, représentait la firme Raymond Chabot Grant Thornton sur les comités de sélection de la SHDM. Il a été impossible de lui parler hier: il se trouve à l'étranger. L'autre membre important du parti était Me Mario Paul-Hus. Avocat chez Fasken Martineau, il a travaillé pour le parti pendant la campagne électorale de 2001.

«Je connais MM. Deschamps et Paul-Hus depuis de nombreuses années et je n'ai aucune raison de douter de leur probité, de leur intégrité et de leur sens des responsabilités, a déclaré le maire, mardi. Je n'ai aucune raison de remettre en cause leur conduite au sein des jurys de sélection organisés par la SHDM (Société d'habitation et de développement de Montréal).»

Directive

Le maire a néanmoins demandé à Union Montréal de «s'assurer qu'à l'avenir, en aucun cas, des personnes qui ont des responsabilités ou des mandats avec notre formation politique ne puissent participer à des jurys de sélection formés par la Ville ou des instances qui y sont liées. Je dois avouer que je ne pensais pas un jour être obligé d'émettre ce genre de directive car, pour moi, c'était évident».

Cet acte de contrition ne rassure pas M. Labonté. «L'agent officiel n'est pas un personnage banal, a-t-il dit en parlant de Marc Deschamps. Il est le numéro deux dans le parti après le chef. Quel est le lien potentiel entre la SHDM, le parti Union Montréal et, potentiellement, le financement du parti?» Les recherchistes de M. Labonté ont calculé que, depuis 2001, les dirigeants de Catania, ainsi que les membres de leurs familles, ont donné plus de 12 000$ au parti du maire.

Marc Deschamps est vérificateur associé à la firme Raymond Chabot. C'est cette même firme qui a eu le mandat, avec KPMG, de veiller à la fusion et à l'intégration de la SHDM et d'une autre société paramunicipale. L'administration Tremblay-Zampino a transformé la SHDM en organisme privé à but non lucratif en contournant la Charte de la Ville de Montréal. Le maire a annoncé mardi qu'il faisait marche arrière. Il veut la retransformer en société paramunicipale.

Si la SHDM est devenu un organisme privé de façon illégale, cela pourrait signifier que toutes les transactions immobilières qu'elle a faites depuis sont illégales, prévient M. Labonté. «Si cette hypothèse se confirme, cela signifie que les titres de propriété résultant des transactions de la SHDM depuis janvier 2007 pourraient être contestés devant les tribunaux, par des gens qui se sont estimés lésés. Imaginez le fiasco...»

Robert Cassius de Linval nommé

Un des architectes de cette transformation en organisme privé, Robert Cassius de Linval, directeur des affaires corporatives à la Ville, a été nommé hier par le président du comité exécutif de la Ville, Claude Dauphin, sur le nouveau conseil d'administration de la SHDM. Le conseil sera présidé par Jean-Claude Cyr et comptera aussi dans ses rangs Richard Deschamps, Bachir Azzi, Réal Lavallée et Robert Olivier.