Lors d'un colloque sur la Communauté métropolitaine de Montréal, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a plaidé hier en faveur de péages régionaux... si Québec ou Ottawa ne donne pas à la CMM l'argent pour bonifier l'offre de transports en commun. Interrogé peu après sur le sujet, Jean Charest a fermé la porte à une hausse de la taxe d'accise sur l'essence.

«Est-ce qu'on veut, oui ou non, investir dans les transports en commun?» a lancé le maire, rappelant que la congestion automobile est improductive autant pour Montréal que pour les autres villes de la région métropolitaine. «Va-t-on attendre 10 ans, 15 ans, 30 ans pour régler ce problème? a-t-il demandé. Là, on parle de compétitivité.»

Le maire a dit qu'il savait que le sujet des péages n'est pas très populaire en période électorale. Mais il a dit que les citoyens qui perdent du temps dans les encombrements pourraient avantageusement prendre les transports en commun. Pour cela, il faut du financement.

Il rappelle que Québec pourrait imposer une taxe d'accise supplémentaire de deux cents sur l'essence et que les automobilistes, habitués à voir le prix de l'essence osciller entre 1,45$ et 0,82$ n'y seraient pas foncièrement opposés si on leur expliquait que le revenu qu'on dégagerait serait entièrement dévolu à l'amélioration de l'offre de transports en commun. Un coup de pouce d'Ottawa sur la TPS pourrait également générer 1,2 milliard pour l'ensemble du Québec, a-t-il par la suite ajouté à La Presse.

M. Tremblay est en phase avec le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, également présent au colloque. Mais M. Bergeron ne croit pas que Montréal devrait s'entendre avec les 81 autres maires de la CMM. «Avec 23 000 citoyens qui quittent chaque année Montréal pour les deux rives, les maires de la région peuvent tous envoyer une carte de Noël à Gérald Tremblay, dit M. Bergeron. La prospérité de ces villes, qui ont le vent dans les voiles avec leurs DIX30, leur Faubourg Boisbriand et leur Lac-Mirabel, vient de Montréal. La concurrence de Montréal n'est pas à Toronto ou à Barcelone mais sur les deux rives!»

Cela dit, le maire Tremblay en a appelé hier à l'unité des villes de la CMM sur la nécessité du financement. Et si les gouvernements supérieurs ne bougent pas, il faudra installer des péages régionaux.

«Un dollar investi en infrastructures génère 17 sous d'amélioration de la productivité d'une entreprise, ce qui lui permet d'investir par exemple dans la formation professionnelle ou dans la recherche et développement, dit M. Tremblay. Je ne comprends pas que ce message ne passe pas alors qu'on perd un milliard en pertes de productivité par an, sans compter les problèmes de santé que ça génère.»

Directeur de Transport 2000, Normand Parisien, note un changement de perceptions. «Depuis 2002, Montréal soutient notre proposition sur les péages, dit-il. Les villes de banlieue, surtout sur la Rive-Nord, sont plus réfractaires, mais on note un cheminement.»

Paul Laroque, le maire de Bois-des-Filion, dit que s'il n'est pas opposé aux péages a priori, il n'y a pas de solutions de rechange efficaces à l'utilisation de l'automobile dans certaines villes de banlieue. Commençons par améliorer le service et après on verra, dit-il en substance.

Le maire de Châteauguay, Sergio Pavone, croit que les 82 élus «doivent s'entendre» sur la politique de financement des transports en commun. «Il faut faire une planification fiscale ensemble et reconnaître ensemble nos équipements et nos besoins», dit-il.

Mais La Presse a posé la question à Jean Charest, hier, et le chef du Parti libéral a fermé la porte à toute hausse de la taxe d'accise.

«Notre gouvernement a déjà mis en oeuvre une redevance sur l'essence qui alimente un fonds vert de 200 millions de dollars par année, a-t-il dit. C'est sur une période de six ans, cette redevance, ce qui nous amène à 1,2 milliard de dollars. Et à l'intérieur de ce fonds, il y a des fonds de prévus pour seconder le transport en commun.»

Il a ajouté que, selon lui, le Québec «est l'endroit qui appuie le plus le transport en commun». «On a annoncé des mesures il n'y a pas très longtemps pour les trains de banlieue, pour ajouter l'équivalent de la population de la ville de Longueuil en termes de nombre de passages, dit-il. On va en faire davantage, on va travailler avec la Ville de Montréal et l'AMT et on va le faire dans un contexte où on veut autant que possible limiter l'augmentation de la charge sur les citoyens. À nos yeux à nous, il faut faire un effort pour essayer de garder ça dans un contexte où on évite d'augmenter la charge.»

Pour joindre notre journaliste eric.clement@lapresse.ca