Les pompiers de la région en ont eu plein les bras la nuit dernière avec quatre incendies suspects. Fait inusité, deux d'entre eux ont éclaté dans le même logement...à six heures d'intervalle.

Il n'y aurait à première vue aucun lien entre ces brasiers, sinon qu'ils pourraient tous être d'origine criminelle. Les pompiers montréalais ont combattu trois d'entre eux, tandis que l'autre incendie est survenu sur la rive-sud, à Greenfield Park.

Les sapeurs montréalais ont dû dérouler leurs boyaux d'arrosage à deux reprises dans un immeuble à logements de la rue Laporte, dans le sud-ouest de la métropole.

Un locataire évincé la semaine dernière aurait incendié deux fois son ancien appartement.

Il aurait d'abord balancé un cocktail Molotov par la fenêtre de l'appartement vers 21h45. Les pompiers ont rapidement été dépêchés sur place et les dégâts se sont avérés minimes. Évacués, les locataires du bloc de trois étages ont vite pu retourner chez eux.

l'équipe de Service urgence sinistre a barricadé les portes et fenêtres de l'appartement et le calme est revenu dans le bâtiment.

Qui aurait pu imaginer que six heures plus tard, vers 3h45, l'ex-locataire reviendrait sur les lieux, cette-fois avec un bidon d'essence sous le bras. «Il a étendu du gaz partout. S'il n'y avait pas eu de détecteurs de fumée chez les voisins, beaucoup de monde aurait pu mourir», a souligné Dany Yon, propriétaire de Service urgence sinistre.

Une trentaine de pompiers a de nouveau foncé sur la rue Laporte. Mais cette fois, les flammes s'étaient répandues dans la structure du bâtiment et ont provoqué des ravages considérables.

Les locataires ont dû plier bagage, dont Isabelle Marco, qui s'est réfugiée avec sa fille chez une voisine. Elle était encore secouée par cette nuit infernale. «Lorsque le premier feu a été maîtrisé, je me suis rendormie. Lorsque mon détecteur de fumée a résonné au milieu de la nuit, je me suis levé d'un bond. Il y avait de la fumée et des flammes partout!», a raconté cette voisine immédiate du logement ciblé.

Elle ne sait pas grand-chose du responsable, sinon qu'il occupait son appartement depuis un an. «Moi, ça fait 14 ans que je suis ici et mon appartement est complètement détruit», a déploré Mme Marco, atterrée.

Rencontrée sur place, la propriétaire du bâtiment se réjouissait qu'aucun de ses locataires n'aie été blessé. «C'était un mauvais locataire», a-t-elle simplement laissé tomber, à propos du responsable.

«C'est fini! C'est une perte totale!»

Pendant que les pompiers s'activaient sur la rue Laporte, une soixantaine de leurs confrères combattait les flammes dans un bâtiment de trois étages situé sur la rue Centre, à Pointe-Saint-Charles.

Un incendie suspect qui a causé des dégâts évalués à 200 000$ dans cet immeuble résidentiel et commercial.

L'endroit est d'ailleurs dans un piteux état. Les commerces du rez-de-chaussée sont en ruine et la façade en briques est noircie. Une forte odeur de calcinée flottait ce matin dans le secteur.

Une vingtaine de personnes a été évacuée.

Louise Lefevbre, qui habite un logement perché au deuxième étage depuis 10 ans, se retrouve aujourd'hui à la rue. «C'est fini! C'est une perte totale!», a lancé la sinistrée, qui n'est pas assurée. «Je ne sais même pas où est mon chat», a-t-elle ajouté.

Le feu a pris naissance dans l'escalier menant aux logements situés aux étages supérieurs. «Il y avait beaucoup de papier dans l'entrée», a rapporté Gilles Deslauriers, du Service urgence sinistre.

Les policiers enquêtent sur ce sinistre. Les nombreux badauds rencontrés sur place ignorent qui auraient pu s'en prendre à l'immeuble, qui abrite des commerces implantés depuis longtemps dans le paysage local. «On n'a jamais eu de problèmes avec personne», a souligné Jean Semaan, gérant du dépanneur Chez Môman. L'homme, venu récupérer sa caisse enregistreuse, croit avoir été victime d'un pyromane.

«Un gros bang!»

Enfin, un autre incendie, vraisemblablement criminel, a pris naissance vers 3 heures du matin dans un restaurant portugais de la rue Churchill, à Greenfield Park. Environ 25 pompiers ont été déployés et les dégâts sont évalués à 100 000$.

La fumée a aussi endommagé le logement situé au deuxième étage du bâtiment, dans lequel habitaient deux locataires. L'un deux était chez lui au moment où le feu a éclaté. Par sa fenêtre, il rapporte avoir vu un suspect prendre la fuite. «J'ai vu quelqu'un courir et sauter dans une voiture, puis j'ai entendu un gros bang et tout le bâtiment a vibré!», a indiqué Trevor.

«Un bidon d'essence à été retrouvé sur place», a confirmé l'agent Martin Simard de la police de Longueuil.

Les policiers de Montréal, de même que ceux de Longueuil, doivent rencontrer des témoins pour faire la lumière sur ces incendies suspects.