Quelques jours après que la Ville de Montréal l'eut dévoilée en grande pompe, une nouvelle technologie d'asphaltage écologique connaît déjà des ratés. Le temps froid et les précipitations des derniers jours ont provoqué l'effritement du nouveau revêtement, pourtant posé il y a une semaine à peine.

Au premier coup d'oeil, hier midi, il était difficile d'imaginer que la rue Molière vient de subir une cure de rajeunissement. L'asphalte était raboteux, poreux, friable et parsemé de petits cailloux.

 

«C'est la campagne à la ville, lance à la blague Luc Thibault, qui habite dans cette rue. Nous avons une route de gravier bien nivelé.»

La petite artère de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension sert de terrain d'essai pour une toute nouvelle technique qui consiste à superposer plusieurs couches de matériaux recyclés et de béton concassé qui sont mélangés à froid. La méthode a l'avantage d'être moins polluante et de consommer très peu d'énergiepuisque, contrairement à l'asphalte, la mixture n'est pas chauffée.

C'est la première fois au Canada que cette méthode est mise à l'essai.

Or, le matériau perd son efficacité lorsqu'il est appliqué par basse température, explique-t-on à Construction DJL, l'entreprise qui a mis la technique au point.

À l'origine, l'asphaltage devait être fait à la fin de l'été, explique le vice-président de l'entreprise, Marc Proteau. Mais les travaux préalables de reconstruction de l'égout, d'une conduite d'eau et des trottoirs ont été retardés. Résultat: la pose du revêtement n'a débuté qu'en octobre.

«On devait poser trois couches de matériau à froid, explique le vice-président. Les deux premières couches ont été très satisfaisantes. Mais la troisième demande de la chaleur et du temps sec. Et nous n'en avons pas eu.»

La Ville de Montréal attend un rapport d'experts au début de la semaine avant de décider si elle reprendra de fond en comble les travaux de la rue Molière ou si elle poursuivra l'expérience de la nouvelle technique. Chose certaine, des travailleurs poseront une nouvelle couche de bitume - ordinaire cette fois - pour que la rue soit sécuritaire pour l'hiver.

Le responsable des infrastructures au comité exécutif de la Ville, Sammy Forcillo, assure que les contribuables n'auront pas à payer pour les problèmes de la nouvelle méthode.

«Étant donné que c'est une expérience que nous faisons, dans notre contrat, il est bien mentionné que ça ne coûtera pas plus cher aux contribuables montréalais, explique-t-il. C'est l'entrepreneur qui supportera l'entièreté des coûts.»

L'arrondissement de Villeray rencontrera pour sa part les résidants de la rue Molière au cours des prochains jours pour faire le point sur les travaux, a indiqué la mairesse Anie Samson.

Le concept reste bon

Marc Proteau, de Construction DJL, ne se laisse pas démonter par les problèmes de la rue Molière, bien au contraire. Il rappelle que sa méthode d'asphaltage est toujours expérimentale, et il a bon espoir qu'elle pourra être appliquée avec succès à l'avenir. À condition, bien sûr, d'être employée dans des conditions propices.

«Le concept est toujours bon et on va continuer de le peaufiner avec la Ville», a-t-il promis.