Même si, comme tout comptable, Sammy Forcillo est prudent, le responsable des Finances à la Ville de Montréal estime que la métropole a dans les mains les atouts nécessaires pour que les effets néfastes de la crise financière internationale ne se répercutent pas gravement sur la trésorerie de la Ville. Il prévoit même dégager un surplus en 2008.

Recettes encaissées depuis le printemps

M. Forcillo explique qu'environ les trois quarts des revenus de la Ville proviennent des impôts fonciers et des taxes sur les édifices gouvernementaux et que la crise financière n'a eu évidemment aucune prise sur ces recettes fiscales, puisqu'elles ont été encaissées au printemps dernier. L'autre partie des revenus provient des permis immobiliers, des revenus de stationnements et des amendes. Le tout étant en hausse par rapport à ce qui était projeté, la Ville prévoit dégager un surplus au 31 décembre, surplus non encore chiffré.

 

Par ailleurs, Sammy Forcillo ne sait pas si les caisses de retraite seront très affectées, mais il croit que les investissements sont suffisamment diversifiés pour se prémunir de conséquences graves. S'il y a des ajustements à faire, ils seront faits, dit-il, ou seront amortis sur plusieurs années. Mais il est prématuré d'en déterminer l'ampleur. «Je ne sais pas comment le marché va varier, je n'ai pas de lunettes roses», ajoute M. Forcillo.

Investissements dans les infrastructures

Le grand argentier de la Ville explique que la force de Montréal, c'est la diversité de son économie et le fait que la métropole, suivant la théorie keynésienne, a investi beaucoup dans ses infrastructures depuis quelques années, ce qui a eu des impacts non négligeables sur les recettes fiscales, mais aussi sur l'emploi, donc un effet multiplicateur. De plus, Montréal a continué de payer religieusement ses dettes.

«Les développements immobiliers et les travaux d'infrastructures ont généré une croissance, dit-il. On a connu des records en juillet. Notre assiette fiscale a augmenté. Cela nous procure en plus une cinquantaine de millions de dollars par année et ça se poursuit. Je n'ai jamais vu autant d'investissements dans la ville.»

Sammy Forcillo dit que les obligations de la Ville sont attirantes, car elles ont un bon rendement et que la métropole a une excellente cotation. Par ailleurs, la crise du crédit n'affecte pas Montréal actuellement, car la très grande majorité de ses emprunts de l'année est déjà réalisée.

Gestion serrée

Le conseiller municipal de Ville-Marie dit que l'administration du maire Gérald Tremblay récolte en quelque sorte ce qu'elle a semé depuis des années. En période difficile, on résiste mieux si l'on a géré la maison de façon serrée. Mais M. Forcillo ajoute que la Ville pourrait, au besoin, réduire des honoraires professionnels, resserrer les dépenses d'administration ou ne pas combler des postes vacants.

«Au niveau de la gestion, cela demande des efforts, dit-il. Mais la Ville paie beaucoup au comptant des immobilisations, donc on n'a pas toujours besoin d'emprunter. Ça ne m'empêche pas d'être prudent et de suivre l'évolution du budget au mois. Je ne suis pas pessimiste car, s'il y a des décisions à prendre, on les prendra. Le principal est d'être à l'écoute du marché.»

Pour joindre notre journaliste eric.clement@lapresse.ca