Dévoilé aujourd'hui par la Fondation du Grand Montréal, le troisième bilan annuel de santé de la région montréalaise tombe à un curieux moment, la crise financière internationale laissant planer bien des incertitudes. Dans Signes vitaux 2008, la FGM rappelle que la performance de la métropole en création d'emplois a été tout simplement remarquable l'an passé, mais que Montréal a encore bien des progrès à faire en éducation, en environnement et dans la réduction des inégalités sociales.

Le taux de chômage a été de 7 % en 2007 à Montréal. Un résultat inégalé depuis des lustres. L'écart avec Toronto (6,8 %) s'est même réduit de façon significative et, pour la première fois en 20 ans, Montréal a dépassé la moyenne canadienne (2,3 %) en croissance annuelle de l'emploi avec 2,5 %. D'ailleurs, la métropole s'est classée sur ce point l'an dernier au premier rang des cinq plus grandes métropoles du nord-est du continent, soit devant Boston, Washington, Philadelphie et New York.

Le bilan de la FGM, organisme de bienfaisance voué au mieux-être de la collectivité, met aussi en relief la hausse de la natalité dans la région montréalaise pour la troisième année consécutive. La fondation veut que cette tendance se maintienne car, parallèlement, l'âge moyen de la population continue d'augmenter. « L'État et les milieux sociaux et communautaires doivent aider les mères vulnérables, développer des services de garde de qualité et faire en sorte que la venue d'un enfant ne soit pas une cause d'appauvrissement », dit Kathleen Weil, présidente et directrice générale de la FGM.

Autre élément réjouissant, le taux de réussite scolaire n'a cessé de croître au fil des ans à Montréal, tant au niveau secondaire que postsecondaire. Mais Toronto dame encore le pion à la métropole : la proportion de citoyens n'ayant pas terminé leur secondaire est de beaucoup inférieure dans la Ville reine qu'à Montréal. « Pour l'éducation, il serait temps de prendre un peu de recul et de regarder ce qui s'est fait chez nous sur une période de 15-20 ans », dit Mme Weil.

Des défis

Mis à part la crise financière, les perspectives de 2008 étaient déjà considérées comme nettement moins bonnes dans le domaine de l'emploi. Et bien des défis demeurent : « La pauvreté et les inégalités persistent, les progrès sont lents en environnement et le domaine des arts, même s'il brille par son dynamisme et sa créativité, doit constamment lutter pour survivre », dit Kathleen Weil.

Marcel Côté, associé fondateur de Secor Conseil et vice-président du conseil d'administration de la FGM, craint que les bonnes tendances sur lesquelles surfait Montréal « marquent un temps d'arrêt ou peut-être même reculent ». « Il y a finalement beaucoup de fragilité (à Montréal), dit-il. Il faut dire qu'il y a eu beaucoup de négligences dans le passé, notamment au niveau des infrastructures. »

La FGM se demande aussi ce qui va arriver aux organismes de bienfaisance dont les portefeuilles ont perdu de la valeur depuis quelques semaines. « Les fondations ont des fonds dotés investis sur le marché boursier et comme les rendements sont négatifs pour tout le monde, que va-t-il se passer pour tous ces gens ? se questionne Mme Weil. Alors que l'écart entre les riches et les pauvres est en train de croître partout, si les vulnérables sont aussi vulnérables, comment vont-ils vivre ? »

Le diagnostic Signes vitaux du Grand Montréal 2008 est accompagné d'un bilan similaire réalisé à la grandeur du pays. Ce bilan pancanadien, également rendu public aujourd'hui, met en relief le fait que, d'un océan à l'autre, « la pauvreté des enfants ne s'est pas améliorée depuis 1989 » même si le gouvernement fédéral en avait fait un engagement solennel pour... l'an 2000. Par ailleurs, les revenus des familles immigrantes diminuent au Canada.

Kathleen Weil veut toutefois transmettre un message d'espoir : « Les choses ne bougent pas toujours aussi vite qu'elles le pourraient ! Mais il ne faut ni baisser les bras devant l'ampleur de la tâche ni se dire qu'on ne peut changer les choses. Chacun, à sa mesure, peut contribuer à la qualité de vie de notre région. »