Le Conseil des services essentiels a tranché: les pantalons de camouflage que portent les policiers montréalais depuis lundi ne menacent la sécurité de personne. Ils pourront donc poursuivre leur moyen de pression, au grand plaisir des propriétaires de surplus d'armée qui écoulent les pantalons de camouflage comme des petits pains chauds.

Dans une décision rendue hier, le Conseil des services essentiels a rejeté la demande de la Ville de Montréal. La direction du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avait déposé une requête mercredi pour que le syndicat abandonne son nouveau moyen de pression.

 

«Rien dans la preuve présentée ne permet de conclure à un réel préjudice», est-il écrit dans le rapport du Conseil, qui prévoit tout de même continuer à suivre la situation.

Le directeur du SPVM, Yvan Delorme, avait plaidé que le port du pantalon style armée était susceptible de miner les relations entre policiers et citoyens, déjà fragilisées par les récents événements survenus à Montréal-Nord. Selon lui, la sécurité des policiers et de la population s'en trouvait menacée.

«On est très satisfaits de la décision, a déclaré hier Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers et des policières de Montréal (FPPM). L'argument présenté par l'employeur était basé strictement sur la perception du directeur.»

Le syndicat entend donc poursuivre la seconde phase des moyens de pression, entamée lundi. Au cours de la phase un, entreprise en juillet dernier, les policiers avaient troqué leur pantalon contre le jean, en plus de se coiffer d'une casquette rouge.

M. Francoeur assure ne pas avoir imposé le code vestimentaire à saveur militaire. «On a demandé n'importe quel pantalon qui ne s'apparente pas aux pantalons d'uniforme régulier et qui demeure sécuritaire.»

La direction du SPVM n'a pas souhaité commenter la décision, hier soir.

La manne pour les surplus d'armée

Les surplus d'armée pourront donc continuer de vendre leurs pantalons... si jamais ils en ont encore en magasin. Car depuis une semaine, les différents modèles s'écoulent comme des petits pains chauds.

«J'en ai vendu quelques centaines en une semaine. Il y avait parfois des files de voitures devant la boutique», a lancé hier Daniel Birg, propriétaire du surplus d'armée Canam, situé sur le boulevard Saint-Laurent. En temps normal, le commerçant dit en vendre de 50 à 60 par semaine.

Dans cet autre surplus d'armée, situé au coin de la rue Ontario, des policiers faisaient leurs emplettes en soirée. «C'est aussi confortable que les jeans», a assuré l'un des agents.

La convention collective des policiers montréalais est échue depuis 2006. Les négociations s'articulent principalement autour des conditions salariales.