L'averse a été qualifiée d'«historique», les dommages de «mémorables»... et la facture s'annonce tout aussi inoubliable.

 

La Ville de Montréal croule sous les réclamations de citoyens et de commerçants qui exigent d'être indemnisés pour les pertes qu'ils ont subies à la suite des inondations du 2 août dernier, quand plus de 30 mm de pluie sont tombés en 10 minutes sur les secteurs d'Anjou et de Saint-Léonard.

Selon des données obtenues par La Presse, le bureau du contentieux de la Ville de Montréal étudie actuellement les demandes de 1029 citoyens et entrepreneurs dont les sous-sols ont été inondés au début du mois. Et ce nombre pourrait encore augmenter. La date limite pour présenter une réclamation est dépassée depuis plus d'une semaine, mais certaines plaintes n'auraient pas encore été transmises à la ville centre par les bureaux des arrondissements.

«Nous avons rarement autant de demandes à traiter. La pluie a été exceptionnelle, le dossier est exceptionnel», a indiqué vendredi le porte-parole Philippe Sabourin.

Les citoyens devront se montrer patients. La Ville de Montréal a recruté les experts en sinistres de firmes indépendantes qui seront chargés d'étudier chacune des demandes et de départager, chaque fois, la responsabilité de la Ville et celle du requérant.

La valve de sécurité

Les spécialistes analyseront notamment si les édifices étaient conformes à la réglementation municipale et que leur renvoi d'égout était bien muni d'une valve de sécurité pour retenir les débordements en cas de pluie abondante. Dans le cas contraire, les demandes seront rejetées d'office. D'autres analyses devraient également être menées afin de déterminer pourquoi les égouts n'ont pas été en mesure d'absorber la pluie tombée le 2 août et si des modifications devraient être apportées aux canalisations de la ville.

La Ville n'a pas été en mesure d'évaluer la facture qu'elle pourrait se voir obligée d'éponger. «Il est beaucoup trop tôt pour cela puisque les demandes seront évaluées cas par cas», a dit hier Sammy Forcillo, responsable des infrastructures de Montréal. Il prévoit qu'aucun remboursement ne pourra avoir lieu avant au moins six mois.

Interrogés par La Presse au lendemain des inondations, des commerçants avaient estimé leur pertes dans une fourchette de prix très large, allant de quelque 5000 $ à près d'un million de dollars. Hier, l'encanteur Normand Smith a évoqué le chiffre de 400 000 $. «C'est comme si une bombe avait explosé dans mon entrepôt. Je dois tout jeter: 40 000 vêtements, deux voitures, des meubles en chêne massif, etc.» M. Smith n'était pas couvert pas une assurance privée. Je me fiais au bon fonctionnement des réseaux de la Ville.»

Mais hier, Sammy Forcillo a répliqué «qu'aucun système municipal n'est conçu pour absorber de telles quantités d'eau en si peu de temps».

Ce n'est pas la première fois que la Ville de Montréal s'attire ainsi les foudres de ses citoyens. À l'été 2005, deux coups d'eau ont causé des inondations majeures sur les autoroutes 40 et Décarie, paralysant la circulation et provoquant des milliers de refoulements d'égout. La cause n'a pas encore été tranchée par un juge.