Une manifestation pour la gratuité scolaire pourtant qualifiée de «pacifique» par la police s'est tout de même soldée jeudi après-midi par trois arrestations et un manifestant blessé quand un agent lui a tiré une balle de caoutchouc.

La manifestation avait été organisée par une association étudiante membre de la CLASSE, et appuyée par cette dernière. Sur la page Facebook conviant les manifestants à cette action, on pouvait lire que si «l'annulation de la hausse des frais de scolarité est certes une victoire considérable, elle laisse toutefois en place un système d'éducation soumis aux intérêts du marché et inaccessible aux moins fortuné-e-s».

«C'est pas un gel des frais qui nous fera plier. Nous on veut la gratuité», y lisait-on encore.

À partir de 13h30, un groupe qui a atteint les 200 manifestants s'est formé au parc Émilie-Gamelin. Vers 14h, ils se sont mis en marche dans le secteur entourant l'Îlot voyageur, symbole des dérives mercantiles des universités.

Les policiers du SPVM ont déclaré la manifestation illégale dès le départ, parce que l'itinéraire de la marche ne leur avait pas été communiqué, comme l'ordonne le règlement municipal P6.

Après que des graffitis aient été peints sur le mur de béton du tunnel de la côte Berri et que quelques feux d'artifice eurent été lancés au ciel, la police a décidé d'intervenir.

Les agents ont procédé à ce qu'ils qualifient d'arrestations ciblées. Trois manifestants ont ainsi été arrêtés, un pour méfait, une pour entrave au travail des policiers, et un pour voies de fait sur policier, précise l'agent Daniel Fortier, du SPVM.

«À part cela, la manifestation était pacifique», note l'agent Fortier.

Mais les arrestations ont encore une fois soulevé la colère du groupe de manifestants.

Les esprits se sont échauffés, et c'est à ce moment qu'un agent a tiré une balle de caoutchouc sur un manifestant.

Des témoins de l'incident affirment que le jeune homme l'a reçu dans le visage, et que l'impact a provoqué un écoulement de sang important.

Le jeune homme n'aurait pas été transporté en ambulance, mais se serait rendu à l'hôpital, selon ces témoins.

Le SPVM confirme avoir tiré un tel projectile.

«Un seul projectile a été utilisé pour repousser un manifestant qui lançait des pierres vers les policiers», a confirmé M. Fortier, qui ne peut dire à quel niveau du corps le manifestant a été touché, ni s'il a dû être traité.

La manifestation s'est terminée peu de temps après cet incident. La CLASSE déplore l'intervention policière qui, selon elle, brime le droit de manifester des étudiants.