Entre 60 et 70 personnes, inconnues pour la plupart, ont assisté aux funérailles de Salvatore «the ironworker» Montagna, aspirant parrain de la mafia montréalaise pressenti, assassiné jeudi dernier à Charlemagne, sur la Rive-Nord de Montréal.

On était très loin des funérailles des Frank Cotroni ou Nicolo Rizzuto, courues par les membres du crime organisé italien. Ou de celles du jeune loup Domenico Macri en 2006, où les chefs du jadis tout puissant clan Rizzuto, Paolo Renda, Rocco Sollecito ou le truand Francesco Del Balso, la larme à l'oeil et la colombe à la main, s'étaient laissés photographier sans broncher sur le parvis de l'église.

En ce gris lundi matin, un petit groupe de proches anonymes de Montagna, récemment arrivé des États-Unis qui l'avaient déporté vers le Canada où il est né, s'est massé dans l'église Notre-Dame-de-Pompéi, dans le quartier Saint-Michel.

Au premier rang de l'église, la veuve du mafioso, et les trois jeunes orphelines d'un père ayant choisi une vie qui ne pardonne pas les faux pas.

À plusieurs reprises pendant la sobre cérémonie, la veuve s'est épanchée sur le cercueil, en pleurs, parlant à son défunt mari.

La messe s'est déroulée en italien surtout, et un peu en anglais. Aucun témoignage de membre de la famille ou de proche à la mémoire du disparu. C'est une chose qu'on ne voit jamais dans ce type de funérailles.

S'exprimant sur un ton grave et monocorde, le prêtre a indiqué que «Salvatore» aura une place de choix «là-haut», et qu'il y vivrait «pour l'éternité».

«Au revoir Salvatore, on va se revoir», a-t-il lancé.

Au terme de la cérémonie, l'épouse de Montagna s'est effondrée, en pleurs, quand elle a vu le cercueil s'éloigner pour être placé dans le corbillard.

«I want to go with him», s'est-elle écriée.

À la sortie d'église du petit groupe, quelques proches se sont montrés d'une grande hostilité envers les représentants des médias, y allant de doigts d'honneur et autres insultes. Une scène atypique, les funérailles de lieutenants du crime organisé ne donnant généralement pas lieu à de tels dérapages.

Puis, le cortège piloté par l'entreprise funéraire Magnus Poirier s'est ébranlé alors qu'attendait juste derrière un autre cortège, celui-là de la maison funéraire Loreto appartenant à la famille de Nick Rizzuto, qui organisait un service funèbre devant se ternir juste après. Ironiquement, cette maison a souvent pris en charge les funérailles des soldats du clan Rizzuto tombés au combat. Ce qui ne fut pas le cas pour Montagna.

Il faut dire que celui-ci, l'an dernier, aurait annoncé au vieux parrain que son règne était terminé. Quelques temps après, le patriarche était assassiné chez lui, tout comme d'autres membres influents du clan chancelant, tués, victimes de tentatives de meurtres ou d'enlèvement depuis deux ans. Montagna est le dernier en lice.