Frappe contre un réseau de trafiquants de crack

La police a démantelé mardi un réseau de trafiquants de crack et de marijuana lié aux Hells Angels qui faisait la pluie et le beau temps dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Dix personnes ont été arrêtées, dont un homme qui l'avait déjà été par le passé pour avoir exploité plusieurs piqueries dans ce secteur populaire de l'est de la métropole.

Les policiers ont mené au total cinq perquisitions, trois à Montréal et deux dans des maisons de la couronne nord, où habiteraient les dirigeants du réseau.

À Montréal, les policiers ont frappé dans un appartement de la rue Aylwin, décrit comme un endroit de ravitaillement, ainsi que dans un logement de la rue Cartier, à Rosemont, juste en face d'une école élémentaire.

Le chef du réseau, membre ou sympathisant des Hells, serait en fuite. La descente a été menée par des agents du Groupe tactique d'intervention de la police de Montréal, aidés d'agents de la Sûreté du Québec pour les perquisitions à Terrebonne et Bois-des-Filion. Les policiers ont en outre fouillé trois véhicules, dont une rutilante BMW qui se trouvait dans le stationnement de l'immeuble où habite l'un des suspects, à Bois-des-Filion. Les prévenus, 3 femmes et 7 hommes âgés entre 30 et 47 ans, devraient comparaître aujourd'hui à Montréal.

Projet Pépin

Selon ce qu'a appris La Presse, Mario Brousseau, bien connu des policiers, est parmi les individus arrêtés. Il s'est retrouvé dans le collimateur des policiers à maintes occasions, notamment dans le cadre du projet Pépin, en juin 2009, dont l'objectif était de nettoyer le quartier d'un réseau de revendeurs de stupéfiants et de prostitution. Brousseau était soupçonné d'en être la tête dirigeante et d'avoir converti plusieurs immeubles du secteur en bordels et en piqueries.

Au terme de la frappe, onze piqueries réparties dans au moins cinq immeubles appartenant à Brousseau avaient été fermées. En mars 2010, un incendie criminel dans un immeuble appartenant à Mario Brousseau avait jeté plusieurs personnes à la rue. Les policiers avaient alors retenu l'hypothèse de tensions entre des revendeurs de drogue du secteur qui tentaient de combler le vide provoqué par le démantèlement du réseau de Brousseau quelques mois auparavant.

Mais, de toute évidence, l'homme était toujours bien actif dans le quartier.

Projet Eraser

En avril 2010, le SPVM avait par ailleurs procédé à un important ménage du printemps dans le même secteur. L'opération, baptisée Eraser, avait permis de démanteler un réseau de trafiquants liés aux motards. Quarante-cinq suspects étaient dans la ligne de mire des policiers, dont les deux dirigeants, des frères dont la famille avait de solides assises dans le milieu interlope de ce quartier.

Cette rafle avait été rendue possible grâce à des renseignements provenant de voisins excédés par l'incessant va-et-vient qui agitait les immeubles. Au total, 23 endroits ont fait l'objet de perquisitions, 21 à Montréal et deux à Lavaltrie, où habitent les chefs, sympathisants des Hells Angels.

Le crack est depuis longtemps un fléau dans Hochelaga-Maisonneuve, où plusieurs piqueries aménagées dans des immeubles laissés à l'abandon sont fréquentées par des prostituées et des toxicomanes.