Les jours se suivent et se ressemblent dans le nord-est de la métropole, où un café italien a été ciblé par un cocktail Molotov pour la deuxième fois en moins de deux semaines. Ce nouvel attentat s'ajoute à la quinzaine d'attaques du genre perpétrées contre des établissements de ce secteur de la Ville depuis août dernier, principalement dirigées contre des cafés italiens et des pizzérias.

Le dernier incident en lice s'est produit dans la nuit de lundi au Café Danesi, emménagé dans un petit immeuble commercial de deux étages du boulevard Maurice-Duplessis, près de la 5e avenue.  L'établissement de Rivière-des-Prairies avait été visé une première fois le 9 novembre dernier. L'attaque avait cependant échoué puisque le ou les incendiaires avaient déguerpi lorsque la sonnerie de l'alarme avait retenti, non sans d'abord défoncer une vitrine et verser de l'essence sur le plancher du café.

Cette fois, les suspects ont réussi leur coup. Du moins à moitié, puisqu'ils se sont faits surprendre par un gardien de sécurité embauché depuis le dernier attentat, qui montait la garde à l'intérieur du café.

Une vitrine a été fracassée et un cocktail Molotov a été balancé à l'intérieur. Le gardien de sécurité a pris ses jambes à son cou lorsque les flammes ont commencé à se répandre. Selon une source proche du dossier, les incendiaires ont voulu compléter le travail amorcé la dernière fois.

Un large périmètre a été érigé sous la pluie ce matin autour du café doublement pris pour cible. Les enquêteurs de la Section des incendies criminels du Service de police de la Ville de Montréal avaient garé leur camionnette devant la porte. Plusieurs hommes faisaient les cent pas en bordure des cordons policiers. «Il n'y a pas d'employé ici», a souligné l'un d'eux.

La police enquête pour comprendre pourquoi le petit café a été ciblé à deux reprises.

Les enquêteurs n'ont d'ailleurs pas le temps de se tourner les pouces. Depuis le mois d'août, près d'une quinzaine de commerces de Montréal ont été la cible d'incendiaires. Un salon de coiffure de la rue Charleroi de Montréal-Nord - sur laquelle se trouve deux pizzérias incendiées il y a quelques semaines - et un casse-croûte créole de Parc-Extension ont été ciblés en fin de semaine.

Le commandant de la Division des incendies criminels Mario Lamothe et ses hommes travaillent d'arrache-pied pour démêler les mobiles à l'origine de cette vague.

Les cocktails Molotov sont utilisés à toutes les sauces par les temps qui courent. Fortement médiatisé, ce type d'attentat semble préconisé par les incendiaires, une façon de profiter de la vague pour brouiller les pistes. Assurances, querelles entre associés, contrôle de la drogue, règlements de comptes: tous les prétextes semblent bons pour balancer des cocktails Molotov.

Une autre hypothèse évoque des tensions entre des clans italiens. L'assassinat de plusieurs membres du clan Rizzuto, dont ceux du parrain Nicolo Rizzuto et son petit-fils Nick, sans oublier les attaques contre les cafés illustreraient l'instabilité qui règne actuellement dans la mafia montréalaise. Les incendies dans les cafés pourraient être le fait de gangs de rue à la solde d'un clan italien.

En entrevue récemment, le commandant Mario Lamothe expliquait n'avoir aucune preuve à l'effet que tous ces crimes découleraient d'un conflit au sein de la mafia montréalaise. «Pour moi, cette vague peut ressembler à une conquête de territoire, à une prise de contrôle, mais pourquoi?  Personne n'est capable de me mettre sur la bonne piste et tout est encore plausible», avait indiqué le policier.

Jusqu'à maintenant, personne n'a été blessée dans les attaques ciblées contre les cafés et autres commerces du nord-est de Montréal. Un miracle, puisque plusieurs feux ont été allumés dans des immeubles qui abritaient des logements à l'étage. Plusieurs locataires ont toutefois été évacués au fil des mois. Selon une source, la perspective qu'une victime innocente perde la vie dans un de ces attentats constitue la plus grande hantise actuellement au SPVM.

Pour éviter un tel scénario, le SPVM tend la main aux citoyens qui possèderaient des renseignements sur cette vague d'incendies, via sa ligne Info-Crime au 514-393-1133.

Avant cette nouvelle série d'attentats, une première vague d'attentats similaires avait endommagé une vingtaine de cafés italiens du nord de la métropole entre septembre 2009 et janvier 2010. Neuf personnes avaient d'ailleurs été arrêtées en lien avec ces délits, ce qui avait entraîné une accalmie de plusieurs mois.