L'arrestation il y a quelques jours de trois suspects qui s'apprêtaient à faire flamber une pizzéria de Saint-Léonard au cocktail Molotov, n'a pas empêché un autre café italien du nord-est de la métropole d'être ciblé par un attentat dans la nuit de mardi.

Pour la deuxième fois en moins d'une semaine, le commandant de la Section des incendies criminels du Service de police de la Ville de Montréal a fait une sortie pour rassurer la population. «On prend la situation très au sérieux et nous disposons des moyens nécessaires pour faire face à la situation», a lancé hier en entrevue à La Presse Mario Lamothe, aussi chef de la division des crimes économiques et de la propriété.

Le SPVM rappelle l'existence de son projet Impact, lequel tend la main aux citoyens qui possèderaient des renseignements sur cette vague d'incendies, via sa ligne Info-Crime.

Depuis le mois d'août, 11 commerces ont été la cible d'incendiaires, en majorité des cafés italiens et des pizzérias du nord-est de la métropole. De septembre 2009 à janvier 2010, une première vague d'attentats similaires avait endommagé une vingtaine de cafés italiens. Neuf personnes avaient d'ailleurs été arrêtées en lien avec ces délits, ce qui avait entraîné une accalmie de plusieurs mois.

Le dernier incident en lice remonte à la nuit de mardi au café Danesi, situé dans le quartier Rivière-des-Prairies.

Cette nouvelle attaque a cependant échoué, puisque le ou les incendiaires ont déguerpi lorsque la sonnerie de l'alarme a retenti, non sans d'abord défoncer une vitrine et verser de l'essence sur le plancher du café.

Pour l'heure, le commandant Lamothe et ses troupes travaillent d'arrache-pied pour coffrer les responsables de ces crimes, mais surtout pour démêler les mobiles à l'origine de cette vague.

Des accusations criminelles ont d'ailleurs été déposées lundi contre deux hommes et une femme, interpellés la veille tandis qu'ils projetaient de balancer un cocktail Molotov dans une pizzéria. La semaine précédente, deux autres pizzérias d'une même rue avaient été incendiées à quelques minutes d'intervalle.

Les cocktails Molotov semblent utilisés à toutes les sauces par les temps qui courent. Fortement médiatisé, ce type d'attentat semble préconisé par les incendiaires, une façon de profiter de la vague pour brouiller les pistes. Assurances, querelles entre associés, règlements de comptes: tous les prétextes semblent bons pour balancer des cocktails Molotov, a résumé une source proche du dossier.

L'autre hypothèse évoque des tensions entre des clans italiens. L'assassinat de quelques membres du clan Rizzuto, dont Nick Rizzuto, fils du présumé chef de la mafia montréalaise, et les attaques contre les cafés illustreraient l'instabilité qui règne dans la mafia montréalaise. Les incendies dans les cafés pourraient être le fait de gangs de rue à la solde d'un clan italien.

Selon le commandant Mario Lamothe, il n'existe aucune preuve à l'effet que tous ces crimes découleraient d'un conflit au sein de la mafia montréalaise. «La méthode utilisée (le cocktail Molotov) est une méthode reconnue et facile», a souligné le policier. «Pour moi, cette vague peut ressembler à une conquête de territoire, une prise de contrôle, mais pourquoi?  Personne n'est capable de me mettre sur la bonne piste et tout est encore plausible», a ajouté le commandant Lamothe.

Aide de la population

Les enquêteurs sollicitent par ailleurs l'aide de la population pour retracer deux suspects impliqués dans un attentat au cocktail Molotov survenu en juin dernier. Un incendie criminel avait complètement ravagé un marchand de tapis d'Ahunstic. Des caméras de surveillance avaient capté deux individus sur les lieux du crime, dont l'un se baladait avec un bidon d'essence. Vous pouvez visionner cette vidéo sur le site Internet du SPVM.

Pour le reste, toute personne qui détient des informations sur cette affaire ou sur la vague d'incendies en cours est invitée à communiquer avec la police via sa ligne Info-Crime au 514-393-1133.