Un employé de la construction a connu une mort atroce, lundi, lorsque le troisième étage d'un immeuble en rénovation s'est effondré sur lui.

Quelques minutes après l'accident, les images, spectaculaires, parlaient d'elles-mêmes. Une montagne de débris s'empilaient au deuxième étage du bâtiment en chantier, situé rue Sherbrooke, tout juste devant le parc La Fontaine, à l'angle de la rue de la Visitation.

La demi-douzaine d'employés de la firme Multi-Rénovation qui s'affairaient au deuxième étage ont presque tous réussi à fuir lorsque le plafond s'est écroulé. Seul l'entrepreneur Sylvain Corbeil, 54 ans, est resté prisonnier des débris. Les secours n'ont pu que constater sa mort. À cette annonce, son fils, au nombre des employés, s'est assis sur le trottoir, adossé à un panneau d'arrêt, l'air atterré, tantôt le téléphone cellulaire à l'oreille, tantôt réconforté par ses confrères.

«On était en train d'installer des planches de contreplaqué, a raconté Steve Ouellette l'un des employés. Quelqu'un a coupé une patte en croyant que c'était solide. L'étage s'est alors effondré. On a eu le temps de courir, mais Sylvain s'est fait ramasser...»

«On a essayé de dégager les décombres et les pompiers sont arrivés en renfort», a ajouté M. Ouellette. Les pompiers, qui se sont aventurés dans ce qu'il restait de l'édifice pour en extraire la victime, se sont frayé un chemin à l'aide de scies mécaniques. Une intervention périlleuse, menée par les spécialistes en cordage et en effondrement de structures du Service de sécurité incendie de Montréal. «Nos équipes ont consolidé la structure pour accéder à l'intérieur, pour leur propre sécurité et pour s'assurer qu'il n'y ait pas d'autres effondrement», a indiqué le chef des opérations, Rémi Perry.

Les efforts des pompiers ont été vains. La victime était en arrêt cardio-respiratoire à leur arrivée. Son corps a été retiré des décombres en attendant l'arrivée de la morgue.

Quelques secondes avant l'accident, Patrick Arcuri et Rémy Haché, employés d'une autre entreprise, démontaient un échafaudage sur un immeuble voisin. «J'ai entendu un vacarme. On est arrivés les premiers sur les lieux. Les employés criaient le nom de la victime. Personne ne répondait», a raconté M. Arcuri. «On a juste entendu un coup de scie et tout s'est effondré...»

La CSST a ouvert une enquête pour déterminer si le chantier répondait aux normes de sécurité. «La première étape a été de rencontrer les témoins, ce que nous avons fait aujourd'hui», a indiqué Éric Arsenault, porte-parole. La CSST évaluera ensuite l'équipement, la construction et la supervision du chantier.

Des travaux majeurs étaient en cours depuis quelques mois, à la suite de deux incendies survenus en 2009 dans un bâtiment voisin. Selon le propriétaire de l'immeuble, Cédric Dumoulin, les travaux en cours répondaient aux normes de sécurité.

L'édifice sera vraisemblablement rasé. Des logements devaient y être construits. La police en avait récemment évincé des squatteurs.

L'accident a provoqué un imposant branle-bas et mobilisé de nombreux pompiers, policiers et ambulanciers, sans compter les badauds qui se sont massés le long des cordons policiers. Un tronçon de la rue Sherbrooke a été fermé à la circulation durant quelques heures.

Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse