Un deuxième incendie criminel en autant de jours a ravagé un immeuble du Plateau-Mont-Royal dans la nuit d'mercredi. Cet arrondissement a été le théâtre d'une dizaine d'incendies d'origine suspecte depuis le mois de juin. Les deux derniers sont survenus après quelques semaines d'accalmie.

La section des incendies criminels du SPVM n'est pas en mesure d'établir des liens entre les incendies suspects mais craint un effet boule de neige. Sans parler de vague, le commandant du poste de quartier 38 - qui couvre le territoire du Plateau-Mont-Royal - prend la situation très au sérieux. «Depuis le mois d'août, on a demandé à être appelés à tous les incendies pour en faire le suivi et nous assurer que la scène soit couverte par un enquêteur», a expliqué le commandant Stéphane Bélanger.

Selon lui, la dizaine d'incendies suspects recensés depuis le mois de juin - dont quatre d'envergure - ne porte pas une signature unique. «Leurs auteurs n'ont pas la même façon de travailler», résume le commandant, qui privilégie plutôt la thèse de l'effet d'entraînement.

Il donne l'exemple la vague d'incendies qui s'est poursuivie à Chicoutimi, même après l'arrestation d'un suspect. Le commandant Bélanger avoue être pris entre deux chaises. «On en parle, on répète les consignes de prévention, mais on craint l'effet d'entraînement», a souligné le policier. D'autant plus que les incendies continuent même si quelques suspects ont été épinglés.

Le dernier immeuble atteint, un lave-auto situé rue d'Iberville près de la rue Rachel, a pris feu au milieu de la nuit dernière. Des voisins ont alerté les policiers après avoir entendu une déflagration vers 2h. À l'arrivée des pompiers, des flammes s'échappaient de ce lave-auto discrètement érigé au fond d'une cour. L'intervention rapide des pompiers a permis de limiter les dégâts et personne n'a été blessé. Des traces d'accélérant ont été découvertes sur les lieux.

L'établissement n'est pas connu des policiers et son propriétaire n'aurait fait l'objet d'aucune menace. Joint ce matin, ce dernier ne comprend d'ailleurs pas qui voudrait s'en prendre à lui. «Je suis propriétaire depuis 1996, les clients disent qu'on fait du bon travail et je n'ai jamais reçu de menace», a raconté Farid Elakhras.

La veille, un autre incendie a ravagé l'arrière d'un immeuble à logements de la rue Chambord, près de la rue Mont-Royal.

Le brasier s'est propagé à une dizaine de logements et a forcé l'évacuation d'une trentaine de personnes. L'incendie aurait pris naissance dans un bac de recyclage, avant de s'étendre à la structure des balcons arrière et à l'intérieur des appartements. Cette fois, les policiers n'ont trouvé aucune trace d'accélérant. «Même si les deux événements sont rapprochés et pratiquement survenus à la même heure, il n'y a pas de lien entre eux», a affirmé le commandant Bélanger.

Les bacs de recyclage auraient servi à quelques reprises de foyer d'incendie depuis juin. Des bâtiments abandonnés ont aussi été le théâtre de quelques incendies.

Le plus spectaculaire s'est déclaré le 18 août, lorsque six immeubles à logements ont flambé en fin de soirée, rue Saint-André, entre les rues Roy et Napoléon. Il avait fallu une alerte générale et plusieurs pompiers avaient été incommodés par la fumée et la chaleur intense. Une quinzaine de familles habitaient là où un trou béant et clôturé défigure aujourd'hui ce bout de rue.

Après les premiers incidents, des policiers de plusieurs postes de quartier avaient été dépêchés en renfort sur le Plateau-Mont-Royal pour coincer d'éventuels incendiaires. «On a inondé le territoire de policiers en auto, à vélo et à pied», a rapporté le commandant Bélanger. Ces renforts ont été libérés il y a quelques semaines, lorsque les incendies suspects ont connu une accalmie.

Pour l'heure, le commandant Bélanger recommande aux résidants du Plateau de sortir leur bacs de recyclage sur le trottoir à la dernière minute, de ne pas laisser dehors de meubles comme des sofas et des matelas (ou d'appeler la Ville pour les faire ramasser), de verrouiller leur clôture et de signaler aux autorités les comportements jugés suspects.