Malgré sa déficience intellectuelle, Yves Nadeau est apte à poursuivre son procès pour le meurtre non prémédité de sa conjointe. Le juge Mario Longpré avait ordonné l'évaluation psychiatrique de l'homme de 59 ans en plein milieu de son procès en avril dernier, alors qu'il s'interrogeait sur sa capacité de comprendre le processus judiciaire.

Yves Nadeau, atteint d'une déficience intellectuelle légère, est accusé d'avoir poignardé sa conjointe Louise Girard, le 24 février 2014, dans leur appartement de Hochelaga-Maisonneuve. Sa capacité à comprendre ses droits dans les heures suivant son arrestation est au coeur du procès. 

La psychiatre France Proulx conclut dans son rapport d'expertise psychiatrique, déposée le 14 juin dernier, que Yves Nadeau est en mesure de subir son procès, bien qu'il soit atteint d'une déficience intellectuelle et d'un trouble anxieux. Elle relève toutefois son vocabulaire «restreint» et sa compréhension «moindre en cas de stress». Il est d'ailleurs «particulièrement sensible à la présence des journalistes» dans la salle de cour, inscrit-elle dans son rapport.

«M. Yves Nadeau est capable de comprendre quel est le rôle de son avocat, du procureur aux poursuites et du juge. Il n'entretient pas de perceptions paranoïdes face aux procédures légales. [...] [Il] comprend le sens d'un verdict de culpabilité ou de non-culpabilité. Il a cependant de la difficulté à pouvoir évaluer la sévérité d'une sanction. Sa conviction de n'avoir rien fait de mal est rapidement mise de l'avant et monsieur maintient un discours disculpatoire», indique Dre Proulx. 

À son passage à la barre des témoins ce printemps, Yves Nadeau semblait mal comprendre certains concepts simples. «Vous savez ce que signifie prêter serment? Dire la vérité? Jurer sur la bible?», lui a demandé le juge. «Je sais pas, monsieur le juge, j'suis pas instruit» a rétorqué l'accusé.

Selon un expert de la défense, le QI de l'accusé oscille entre 45 et 50, soit une déficience intellectuelle «modérée». Le psychologue Michel Parisien - témoin de la défense - soutient que l'accusé ne pouvait pas comprendre ses droits à son arrestation en raison de sa déficience intellectuelle.

C'est Yves Nadeau qui a contacté le 911 pour signaler que sa conjointe gisait au sol dans le salon, le 24 février 2014. Les premiers répondants ont témoigné avoir retrouvé le corps sous une chaise. «Elle a pogné une chute sur la télé, elle est tombée à terre... Elle s'est cogné la tête sur le bord de la table», a-t-il expliqué à une policière le soir de son arrestation. 

Le procès se poursuit vendredi après-midi au palais de justice de Montréal.