Encore soûle à 6h du matin, Marie-Michèle Benjamin roulait deux fois plus vite que la vitesse permise sur le pont de l'île Bizard, à Montréal, lorsqu'elle a fauché la vie de Robert Albert en percutant son véhicule à contresens l'an dernier. La jeune femme de 26 ans a croisé le regard des proches du défunt jeudi. Elle leur demande maintenant pardon pour son geste «impardonnable».

La résidante de Notre-Dame-de-l'île-Perrot a plaidé coupable il y a deux mois à deux chefs d'accusation de conduite dangereuse ayant causé la mort et de conduite avec les facultés affaiblies ayant causé la mort. La juge Karine Giguère a levé jeudi matin l'ordonnance de non-publication qu'elle avait imposée en juin, sans même que l'avocat de la défense n'ait besoin de lui justifier sa demande. Il est exceptionnel qu'une ordonnance aussi large soit prononcée à cette étape. 

Marie-Michèle Benjamin circule à haute vitesse sur le boulevard Jacques-Bizard, le 12 mars 2017. Il est 6h10. Son taux d'alcoolémie est de «0.172», soit deux fois plus élevé que la limite permise. Une amie est dans le siège passager. La jeune femme roule en sens contraire sur le boulevard et ne fait aucun arrêt obligatoire, selon un témoin. 

Arrivée sur le pont qui permet d'accéder à l'île de Montréal, Marie-Michèle Benjamin percute le véhicule de Robert Albert. Son décès est rapidement constaté. Ni la victime ni l'accusée n'étaient attachées. La chauffarde a été hospitalisée pendant un mois et garde des séquelles physiques de la collision.

«C'est une jeune fille qui vient tout juste de finir son BAC aux HEC. [...] Elle est suivie par un psychologue. C'est malheureusement un drame humain et la vie de Madame est hypothéquée», a fait valoir en juin son avocat Me Pierre Joyal.

Jeudi matin, la jeune femme était entourée de plusieurs membres de sa famille pour une brève audience en vue des observations sur la peine à imposer. La défense a toutefois déposé une lettre qui sera lue par Marie-Michèle Benjamin, le 3 octobre prochain. Dans cette lettre, l'accusée souligne son «manque de jugement, purement égoïste» qui a coûté la vie de Robert Albert.

Elle ajoute vouloir sensibiliser le public au danger de l'alcool au volant. «J'aimerais que les gens comprennent mieux l'ampleur que peut prendre une seule décision irréfléchie. Je souhaite que sa mort puisse en sauver d'autres», écrit-elle dans sa lettre. Elle conclut en demandant aux proches de la victime de lui pardonner.