Le massothérapeute montréalais David Kost, 50 ans, a plaidé coupable, mardi, à cinq chefs d'accusation d'agression sexuelle pour des gestes commis entre 2012 et 2016. Les cinq victimes s'étaient manifestées après la médiatisation de deux autres agressions sexuelles sur des clientes pour lesquelles David Kost avait plaidé coupable l'automne dernier.

Ces sept victimes - toutes des femmes - ont chacune été agressées sexuellement par le massothérapeute pendant un traitement. Toujours avec le même modus operandi. Une des victimes de ce prédateur sexuel a évoqué mardi à la cour la campagne #moiaussi, alors que la Couronne a réclamé une peine de 30 mois de détention.

Le massothérapeute du quartier Notre-Dame-de-Grâce s'y est toujours pris de la même façon. Il attend au moins au deuxième massage pour passer à l'attaque. Sa victime est nue et vulnérable sous les draps. Il frotte son pénis sur le corps de sa cliente, puis il introduit ses doigts dans son vagin, parfois à répétition.

Dans certains cas, même si la victime indique clairement qu'elle n'est pas intéressée, David Kost continue l'agression. Sa cinquième victime est tétanisée pendant l'agression. Il lui touche le vagin à une quarantaine de reprises en lui massant les cuisses. Elle est incapable de parler. David Kost lui masse ensuite les seins. Et à la fin, il lui offre le massage gratuitement.

Il masturbe longuement sa troisième victime qui demeure complètement figée. « À la fin, il l'embrasse sur les fesses. La victime était très mal à l'aise. L'accusé avait éjaculé dans son pantalon », décrit la procureure de la Couronne, Me Anne Gauvin, dans l'exposé conjoint des faits.

Après avoir agressé sa quatrième victime, David Kost rigole en apprenant qu'elle est avocate. « Je viens d'agresser une avocate », s'amuse-t-il. Il poursuit néanmoins le massage. Sa victime est transie de peur. David Kost, un homme d'une stature imposante, l'embrasse sur la bouche et lui dit qu'il aimerait souper avec elle. À son départ, il l'embrasse de nouveau.

DES VICTIMES BOULEVERSÉES

Les agressions sexuelles commises par l'accusé ont eu de graves conséquences sur ses victimes. Mardi, pendant les observations sur la peine, Me Gauvin a lu au juge une lettre de la troisième victime. Cette femme au parcours professionnel sans faute a souffert de stress post-traumatique et a décidé de porter plainte dans la foulée du mouvement #moiaussi.

« Ta cruauté et ton manque d'empathie t'ont fait prioriser ta perversion sur mon bien-être, même si je te consultais comme professionnel de la santé. Tu as trahi ma confiance et abusé de ma confiance. [...] Si tu te demandes encore si on exagère et si un épisode peut être aussi dévastateur, rappelle-toi ceci : après que tu m'as agressée sexuellement, je suis tombée, et je me relève encore difficilement », affirme-t-elle.

NOMBREUX FACTEURS AGGRAVANTS

Dans sa suggestion de 30 mois de pénitencier, la procureure de la Couronne affirme avoir accordé un « poids énorme » au fait que l'accusé a plaidé coupable, ce qui permet d'éviter aux femmes de témoigner. Elle relève toutefois de nombreux facteurs aggravants, dont le nombre de victimes, leur vulnérabilité, l'abus de confiance et les agressions intrusives et humiliantes.

L'avocate de la défense, Me Johanne Delfausse, demande à la Cour une peine d'emprisonnement de 15 mois pour son client en raison de son âge, de son absence d'antécédents criminels et de la brièveté des agressions. Selon elle, le risque de récidive de David Kost est « nul ». L'avocate a aussi évoqué le « parcours parfait » et la vie « exceptionnelle » de l'accusé.

« Il a cru à tort que ces personnes pouvaient apprécier ses gestes. [...] Il ne pensait pas que ça aurait des conséquences sérieuses sur ses patientes », a-t-elle plaidé. David Kost a perdu son emploi, son commerce et sa réputation dans la foulée du processus judiciaire. Il est maintenant contraint de travailler au salaire minimum et a eu des pensées suicidaires, a témoigné une amie de David Kost.

Sa peine lui sera imposée en septembre prochain.