Même s'il a plaidé coupable à des accusations liées au système de collusion à la Ville de Laval, Joe Molluso, le cousin et bras droit de Tony Accurso joue toujours un rôle de « conseiller » pour les entreprises de la famille, a admis jeudi matin Jimmy Accurso au procès pour fraude, complot et corruption dans les affaires municipales de Tony Accurso.

Encore aujourd'hui, Jimmy Accurso se « réfère » à Joe Molluso pour « plusieurs sujets », malgré son état de santé défaillant. « Il a admis ses torts, il a fait des choses inacceptables. Ça reste quand même un membre de la famille qui date du temps de mon grand-père. [Il a] une énorme crédibilité. Il a été mon mentor. Jeune, il m'a montré c'est quoi la construction », a expliqué en contre-interrogatoire Jimmy Accurso.

À la suite de l'arrestation de Joe Molluso et de Tony Accurso en mai 2013, James « Jimmy » Accurso n'a pas hésité à embaucher son « oncle » Joe comme « conseiller » de son entreprise, tout son comme sa soeur Lisa. Il ignorait alors les crimes commis par Joe Molluso, assure le témoin, diplômé en ingénierie.

Ce n'est qu'en 2017, seulement quelques jours avant que Joe Molluso plaide coupable au palais de justice de Laval, que Jimmy Accurso a appris l'implication de son « mentor » dans le système de collusion des contrats publics à la Ville de Laval. Son père ne l'a jamais informé de l'implication de son cousin dans les années précédentes, maintient le témoin de 43 ans.

Giuseppe « Joe » Molluso dirigeait l'entreprise familiale Louisbourg Construction. Son cousin Tony en avait hérité à la mort de son père au début des années 80. Plusieurs témoins de la Couronne ont raconté pendant le procès avoir « collusionné » des dizaines de contrats de la Ville de Laval avec Joe Molluso dans les locaux de Louisbourg Constructions dans les années 90 et 2000.

Selon Roger Desbois, un des collecteurs de pot-de-vin de l'ex-maire Vaillancourt, Joe Molluso était son interlocuteur chez Louisbourg pour la remise de la ristourne de 2 % sur la valeur des contrats publics truqués. Dans son témoignage, Roger Desbois a évalué que les deux entreprises de Tony Accurso, Constructions Louisbourg et Simard-Beaudry, avaient payé « jusqu'à 25 % » de la ristourne totale versée par les entrepreneurs entre 2003 et 2009, soit plusieurs centaines de milliers de dollars.

Selon la théorie de la défense, Tony Accurso confiait la gestion quotidienne de ses entreprises à des « meneurs d'hommes », comme son cousin Joe Molluso et Frank Minicucci, alors qu'il se concentrait sur le financement, le cautionnement et les transactions. Ainsi, Joe Molluso n'avait pas de « permissions à demander à mon père », a expliqué mercredi Jimmy Accurso, le fils aîné de l'accusé.

Mercredi, Jimmy Accurso a martelé n'avoir « jamais, jamais, jamais » entendu parler de collusion dans les contrats publics à la Ville de Laval, alors qu'il était directeur, puis vice-président chez Simard-Beaudry.

Tony Accurso, de son vrai nom Antonio Accurso, fait face à cinq chefs d'accusation de complot, de fraude de plus de 5000 $, d'abus de confiance par un fonctionnaire public et d'actes de corruption dans les affaires municipales.

L'homme de 66 ans aurait comploté avec une soixantaine de personnes, dont Gilles Vaillancourt et Claude Deguise pour commettre des actes de corruption dans les affaires municipales et pour commettre des fraudes. Ses crimes se seraient produits entre le 1er janvier 1996 et le 30 septembre 2010 à Laval.