Une fête bondée d'adolescents, une petite amie frappée à la tête, une poursuite à pied et un couteau à cran d'arrêt: un garçon de 15 ans été tué au terme d'une soirée entre jeunes « sans histoire » en octobre 2016 sur L'Île-des-Soeurs. Le procès pour meurtre non prémédité de son assaillant, un ado de 16 ans, s'est amorcé mardi en Chambre de la jeunesse.

« Il n'y a pas d'histoires de drogue, d'alcool, de règlement de compte ou de gang de rue. Ce sont des adolescents qui se sont laissés emporter par leur orgueil, leur agressivité, leur impatience et surtout, le mauvais choix que l'accusé a fait de prendre un couteau remis par un ami et de l'utiliser », a affirmé au jury la procureure de la Couronne Me Anne-Claire Perron dans son exposé introductif.

L'identité de la victime, de l'accusé et des témoins est protégée par la loi, comme ceux-ci étaient mineurs au moment du meurtre, le 28 octobre 2016. Ils sont d'ailleurs tous toujours mineurs, a précisé Me Perron.

Ce soir-là, une fête d'adolescents se déroule au centre communautaire Elgar de L'Île-des-Soeurs, à Montréal. L'accusé, alors âgé de 16 ans, se présente à la fête avec deux amis et la petite amie de la victime. Déjà, l'adolescente dit aux trois garçons qu'elle ne veut pas entendre de commentaires au sujet de « piquer ou battre du monde ».

À la suite d'une prise de bec entre le meilleur ami de l'accusé et le portier de la fête, une altercation éclate entre l'accusé et la copine de la victime. « Ça va se terminer par un coup de tête de l'accusé sur [la jeune fille] », soutient Me Perron dans son exposé introductif. Le meilleur ami de la victime apprend que l'adolescente s'est fait frapper et se précipite sur l'accusé. « Toi! Touche plus à la fille! », lance-t-il, en le prenant par le collet, toujours selon la théorie de la Couronne.

Alors que l'accusé et ses amis quittent la fête, le meilleur ami de l'accusé lui remet un couteau à cran d'arrêt en le prévenant que la victime et ses amis sont à leurs trousses. Près d'un parc, situé non loin du centre communautaire, la victime pourchasse l'accusé. « L'accusé va s'arrêter, se retourner et poignarder d'un seul coup de couteau directement dans le thorax du [garçon]. [Il] va s'effondrer au sol. Ses amis vont lui venir en aide. Son décès est constaté à 00h30 », conclut Me Perron.

C'est ce récit des événements que tentera de prouver la Couronne pendant ce procès de cinq semaines présidé par le juge Mario Longpré. Une douzaine de témoins seront entendus, dont plusieurs adolescents témoins des événements au centre communautaire et à l'extérieur.

Mardi, les photos de la scène de crime ont été présentées au jury. Un policier a également exhibé en salle de cour l'arme du crime, un couteau à cran d'arrêt bleu retrouvé près du lieu du meurtre. Le procès se poursuit mercredi matin.

Les avocats Tiago Murias et Michelle Robidoux représentent l'accusé.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

L'arme utilisée pour commettre le crime.