Sean Magna maîtrise l'art de la fraude comme un maestro. Son personnage de livreur de café est si convaincant que pratiquement toutes ses victimes tombent dans son piège. Ce fraudeur récidiviste, recherché pendant des mois par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), a fraudé 80 commerces du Québec en quelques mois. Il a écopé d'une peine de cinq ans de pénitencier le mois dernier.

« [Les victimes] ont de la honte de s'être fait avoir. Pourtant, de façon presque totale, tout le monde a embarqué. Une des raisons, c'est que monsieur [Magna] est très bon dans ce type de fraude. Ça fait très longtemps qu'il commet ce type de fraude », a expliqué au juge Dupras le procureur de la Couronne Jimmy Simard.

Depuis plus de 10 ans, le Montréalais de 36 ans utilise le même modus operandi pour commettre ses fraudes. Ses derniers délits lui ont permis de frauder pour 32 000 $ en neuf mois auprès de 58 commerces de Montréal, en particulier dans le Plateau-Mont-Royal et au centre-ville.

Ses cibles de prédilection sont les jeunes caissières dans les cafés, selon le résumé des faits présenté à la cour, le 3 avril dernier. Il a alors plaidé coupable à une série d'accusations de fraude commise à Montréal, Saint-Hyacinthe, Laval, Terrebonne et Beloeil en 2017. La fraude s'élève à 47 000 $ à l'échelle du Québec.

Son stratagème est aussi simple qu'efficace : il se présente comme un livreur de café - de pain ou de crème glacée - nommé Patrick ou Christopher. Il demande à la caissière de le rembourser pour une livraison déjà effectuée ou à venir, en précisant à l'employée que le gérant ou le propriétaire a autorisé le paiement.

Souvent, il va même jusqu'à nommer le gérant et le décrire physiquement à sa victime. Il peut simuler une discussion sur son cellulaire avec le soi-disant gérant pour convaincre l'employée de lui donner l'argent.

Il insiste pour obtenir son dû, mais n'use jamais de violence ou de menaces. Les sommes varient généralement entre 450 $ et 650 $.

CAISSIÈRES CONGÉDIÉES

Malgré les faibles sommes, ces crimes ne sont pas sans conséquence sur les caissières flouées. Plusieurs ont été congédiées ou ont dû rembourser l'argent.

« Les conséquences sont très importantes. C'est une fraude de quelques minutes qui peut bouleverser la vie des victimes. »

Me Jimmy Simard, procureur de la Couronne

À la toute fin de l'audience, Sean Magna a tenu à s'adresser brièvement à la cour pour présenter ses excuses aux victimes. « Je m'excuse pour tout ce que j'ai fait, à ceux qui ont perdu leur job. J'ai un problème de jeu, j'ai une maladie, c'est pas de la faute à vous autres, je vous ai fait mal et je m'excuse », a-t-il lancé d'un jet.

Le juge Dupras lui a imposé une peine de cinq ans de pénitencier, une suggestion commune des parties. Depuis 2007, Sean Magna n'a jamais fini de purger une peine avant d'en recevoir une nouvelle. Ainsi, il purgeait toujours une peine totale de sept ans au moment de commettre ses crimes. Notons qu'il avait dû être libéré d'office aux deux tiers de sa peine par les Services correctionnels, comme il n'avait aucun antécédent de violence.

Photo La Presse

Son stratagème est aussi simple qu'efficace : il se présente comme un livreur et il demande à la caissière de le rembourser pour une livraison déjà effectuée ou à venir.

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Sean Magna