Le procès pour le meurtre d'un détenu à la prison de Bordeaux s'approche de sa conclusion. Tarik Biji, Garmy Guerrier et Jason Côté, les trois accusés du meurtre au premier degré de Michel Barrette, ont annoncé au jury mardi matin qu'ils ne présenteraient aucune défense.

Le procureur de la Couronne Me Louis Bouthillier a également clos la preuve de la poursuite en matinée avec le témoignage d'une chef d'unité de l'Établissement de détention de Montréal (prison de Bordeaux) qui travaillait le soir du meurtre. Son témoignage est toutefois couvert par une ordonnance de non-publication temporaire.

« Oui, c'est exact, je n'entends pas témoigner dans mon dossier », a affirmé au jury Tarik Biji, 39 ans, debout dans le box des accusés. Ses coaccusés Garmy Guerrier et Jason Côté ont ensuite fait de même. Ceux-ci ont le droit de ne pas témoigner pendant leur procès. D'ailleurs, le jury ne doit pas tenir compte de l'absence de défense dans leur verdict, puisque c'est à la Couronne de prouver hors de tout raisonnable la culpabilité des accusés.

Selon la théorie de la poursuite, les trois accusés auraient tabassé pendant 22 minutes leur codétenu Michel Barrette pour quelques grammes de tabac dans la cellule de Tarik Biji à la prison de Bordeaux, le 21 juin 2016. « Les trois accusés se sont entendus pour taxer M. Barrette, ils l'ont séquestré dans la cellule 203, ils l'ont conjointement roué de coups et ils l'ont laissé dépérir dans sa cellule jusqu'à ce qu'il soit trop tard de lui venir en aide... », a affirmé Me Bouthillier au début du procès.

Mardi matin, le pathologiste judiciaire Dr Yann Dazé a conclu son témoignage. Selon son autopsie, Michel Barrette, 46 ans, est mort d'une hémorragie interne provoquée par de graves blessures à la rate. Il aurait alors perdu 1,2 litre de sang entre son agression et sa mort, deux heures plus tard. La victime a aussi subi une fracture du sternum et des fractures à une vingtaine de côtes. Son poumon gauche a ainsi été embroché à deux endroits par des côtes fracturées.

Le nombre précis de coups portés ne peut toutefois être établi avec certitude, conclut le pathologiste. « Par contre, compte tenu de la gravité et de la distribution des traumatismes, il est raisonnable de croire que plusieurs coups ont été nécessaires pour produire de telles lésions », note-t-il dans son rapport déposé en preuve.

D'autre part, une « concentration toxique » de méthadone été retrouvée dans le corps de la victime. Michel Barrette suivait un programme de méthadone pour soigner sa dépendance à l'héroïne. Dr Dazé n'« exclut » pas que cette substance ait pu contribuer au décès, mais elle ne peut l'expliquer à elle seule. « Par contre, cet état d'intoxication a pu soulager la victime des douleurs qu'ont certainement occasionnées les blessures », précise-t-il.