Un ex-employé de la Garde côtière canadienne qui a reçu un pot-de-vin de 8000 $ pour donner de l'information sur un navire dans le cadre d'un complot fictif d'importation de cocaïne en Nouvelle-Écosse a été condamné vendredi à une peine de deux ans moins un jour à purger chez lui.

Delbert William Meister, 72 ans, évite ainsi de se retrouver derrière les barreaux pour la même période, comme le réclamait le procureur fédéral Samuel Monfette-Tessier. Il passera donc les 18 prochains mois dans sa résidence, puis sera soumis à un couvre-feu pendant les six mois suivants. Cette peine est assortie de deux ans de probation et de 240 heures de travaux communautaires.

L'ex-quartier-maître au port d'Halifax pour la Garde côtière canadienne a plaidé coupable en août dernier, à Montréal, à un chef d'accusation d'abus de confiance par un fonctionnaire public.

Son frère et lui avaient été piégés par un agent double de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pendant l'opération Harrington en 2014 et 2015. Aucune drogue ne devait ainsi être réellement importée dans le scénario policier. Son frère est le narcotrafiquant Gary Christopher Meister, condamné plus tard à huit ans et demi de pénitencier dans le cadre de cette opération.

La juge Patricia Compagnone a d'abord tenu de durs propos à l'endroit de Delbert William Meister en énumérant de nombreux facteurs aggravants dans l'imposition de sa peine.

«L'accusé a sapé l'intégrité des frontières canadiennes. L'accusé n'a pas agi de façon impulsive, ça a duré pendant plus d'un an. Il y a eu deux échanges d'informations et il a accepté de l'argent pour ces informations. [...] Il a ignoré son serment pour plaire à son frère et combler son égo. Il est le seul responsable, il n'a personne à blâmer sauf lui-même», a affirmé la juge.

Néanmoins, la réhabilitation de l'homme de 72 ans est «certainement en cours», selon la juge. De plus, il était «vulnérable» à l'époque par rapport à son frère Gary, il a rapidement plaidé coupable et a exprimé de «sincères remords» devant le tribunal.

«Je pleure tous les jours, avait-il déclaré. Ça fait trois ans que je pleure. J'ai tellement de regrets et de dégoût envers moi-même. Je suis tellement désolé. [...] Je suis en enfer depuis que ça a commencé. J'aurais dû être beaucoup plus intelligent concernant mon frère.»

Selon la juge, l'imposition d'une peine à purger à domicile envoie un message de dénonciation «suffisant» à la population. L'accusé a perdu son emploi depuis cette affaire.