André Faivre, la tête dirigeante alléguée du «club social de pédophiles» arrêté pendant l'opération «Malaise» de la Sûreté du Québec (SQ), avait créé il y a quinze ans un service de courriel sécurisé nommé «Web Bleu» pour partager de la pornographie juvénile avec d'autres hommes. Le Montréalais de 69 ans s'est toutefois fait piéger en 2015 par un agent d'infiltration qui s'est fait passer pendant des mois pour un déviant sexuel.

La procureure de la Couronne Cynthia Gyenizse a présenté lundi l'essentiel de la théorie de la poursuite au début du procès pour contacts sexuels et pornographie juvénile d'André Faivre. Il fait face à une quinzaine de chefs d'accusation, notamment pour s'en être pris à trois mineurs, il y a plusieurs années. Son procès doit durer au moins cinq semaines au palais de justice de Montréal.

L'enquête de la SQ s'amorce en 2012, alors que de l'information indique que des hommes se rencontrent en personne et sur internet pour parler d'abus sexuels sur des enfants et pour échanger de la pornographie juvénile. «L'enquêteur observe plusieurs forums de discussions et observe la présence constante d'André Faivre. Il voit que ce dernier utilise les mêmes adresses autant pour discuter avec des gens se disant BL [Boy lover] et GL [Girl Lover]), pédophiles et pédérastes», explique Me Gyenizse. 

C'est la tablette électronique d'un homme arrêté dans Malaise qui a mené les policiers à André Faivre. Au retour d'un voyage au Nicaragua, les douaniers saisissent sa tablette et découvrent de la pornographie juvénile. 

En février 2015, un agent double de la police aborde André Faivre par courriel. À la suite d'une première rencontre dans son «quartier général» du quartier gai, 15 «scénarios d'infiltration» sont réalisés par l'agent double entre février 2015 et novembre 2015. Pendant une des opérations, les policiers copient l'ensemble du matériel informatique se trouvant sur l'ordinateur d'André Faivre et mettent sur écoute son appartement.

«De la preuve récoltée, les policiers découvrent de la porno juvénile dans les échanges sur Web Bleu et dans les appareils d'André Faivre. Les écrits des différents suspects laissent croire qu'ils racontent des situations réelles. Le 27 janvier 2017 une frappe dans le projet Malaise visant André Faivre et 16 autres personnes est réalisée», relate Me Gyenizse.

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