Le procès de l'ex-entrepreneur en construction Tony Accurso a débuté ce matin à Laval par une présentation sommaire de l'«immense système bien rodé» de corruption et collusion auquel il aurait participé sous le règne de l'ancien maire Gilles Vaillancourt.

«C'est tellement simple, que tout le monde est étonné que ça ait pu durer aussi longtemps», a lancé aux jurés le procureur du Directeur des poursuites criminelles et pénales, Richard Rougeau.

M. Accurso est notamment accusé de fraude envers la Ville de Laval et complot pour corruption et abus de confiance.

La thèse de la poursuite est que les gagnants des appels d'offres pour les travaux de construction et les mandats des firmes de génie étaient choisis d'avance par l'administration Vaillancourt, pendant 14 ans.

Le gagnant était convoqué dans les bureaux de l'administration municipale où on lui remettait une liste des autres entrepreneurs intéressés par un projet. Il pouvait ensuite appeler ces autres joueurs, les aviser qu'il avait été choisi comme gagnant, et leur donner le montant de sa soumission à venir.

Les autres soumissionnaient à un prix plus élevé pour laisser le champ libre au gagnant. Lorsque les résultats des soumissions étaient présentés au comité exécutif de la Ville, «tout ce qui avait à être orchestré avait déjà été orchestré et ça passait comme une lettre à la poste», a souligné le procureur.

Les participants versaient des ristournes en argent comptant destinées aux dirigeants de ce système, «dans des enveloppes brunes», a-t-il ajouté.

«On élimine tout mécanisme de concurrence et l'effet est de tirer le prix des contrats vers le haut», a expliqué Me Rougeau.

M. Accurso et ses entreprises auraient bénéficié du système.

La poursuite n'entend pas présenter l'ensemble de la quantité «gargantuesque» de contrats publics frauduleux, mais seulement un échantillon.

Plusieurs témoins seront appelés à la barre, dont d'autres entrepreneurs, l'ancien directeur général de Laval et l'ancienne secrétaire de Gilles Vaillancourt.

Le procès pourrait durer jusqu'au mois de janvier.

«Aujourd'hui nous commençons un marathon et non une course de 100 mètres», a annoncé le juge James Brunton au jury composé de six hommes et six femmes.