Un proxénète qui a forcé sa copine d'à peine 18 ans à se prostituer tous les jours pendant deux ans a écopé hier d'une peine d'un an et demi de prison. «Il faut dénoncer fortement ce genre de comportement», a martelé hier la juge Sylvie Durand, en fixant Brenton Boatswain.

Le Montréalais de 33 ans a plaidé coupable en août dernier à quatre chefs d'accusation de proxénétisme, de publicité de services sexuels et de voies de fait. La Couronne a alors retiré le chef de traite des personnes, une infraction encore plus grave passible d'une peine minimale de quatre ans. «Je comprends ce que j'ai fait, j'en prends la responsabilité. Je suis désolé pour ce qui est arrivé à elle», a déclaré à la cour Brenton Boatswain avant de perdre sa liberté.

La victime, une femme à peine sortie de l'adolescence, est en couple avec l'accusé en 2013 au moment de tomber sous son joug. Son amoureux devient son proxénète.

Sans le consentement de sa victime, Brenton Boatswain publie des photos d'elle sur l'internet ainsi que son numéro de cellulaire. Il vend alors les services sexuels de la jeune femme au plus offrant.

«En aucun moment, vous vous êtes dit que ça n'a pas d'allure ce que je fais», lui a asséné la juge Durand dans sa décision.

Pas un «évènement isolé»



Jour après jour, la jeune femme, dont l'identité est protégée, va de client en client, d'hôtel en hôtel. Pendant sa besogne, Brenton Boatswain attend dans la voiture. Il empoche tous les gains de la prostitution, à l'exception des trois derniers mois, alors qu'il partage la moitié des gains avec sa victime. «Quand elle veut cesser, quand elle ose le dire, vous la frappez», a souligné la juge.

Ces crimes sont «graves» et ne sont pas un «évènement isolé», puisqu'ils se sont échelonnés sur deux ans, a rappelé la juge.

De plus, le rapport présentenciel d'évaluation de l'accusé était très mitigé sur ses risques de récidive. La juge a toutefois pris en compte ses remords, son plaidoyer, son absence d'antécédents judiciaires et sa bonne conduite pendant les procédures pour imposer cette peine, loin de la peine maximale de 10 ans en matière de proxénétisme. Notons que si la victime avait été âgée de 17 ans, une peine minimale de deux ans aurait dû être imposée.

Outre sa détention de 18 mois, une probation d'un an a été imposée à Brenton Boatswain. Son nom restera au registre des délinquants sexuels pendant 20 ans.