Vittorio Mirarchi avait de bonnes raisons de sourire, hier, lorsque le juge a confirmé qu'en raison du temps déjà passé en détention préventive, il ne lui reste qu'une peine de quatre mois et demi à purger pour son implication dans le complot visant à tuer Salvatore Montagna, l'aspirant parrain de la mafia assassiné à Charlemagne en 2011.

Mirarchi n'a que 39 ans. Il peut compter sur des appuis dans le monde interlope au Québec et en Ontario, ainsi que sur des contacts internationaux. Plusieurs de ses antagonistes dans le crime organisé sont morts. La police considère que si les astres s'alignent en sa faveur, il pourrait être un futur chef potentiel de la mafia montréalaise. Et il sera bientôt libre comme l'air.

Le juge André Vincent a suivi la recommandation commune négociée par la poursuite et la défense dans cette affaire : une peine de neuf ans de prison (108 mois), mais à laquelle il fallait soustraire 69 mois de détention préventive depuis son arrestation en décembre 2011, lesquels sont multipliés par 1,5 comme le veut la norme, ce qui totalisait 103 mois et demi à soustraire à la peine.

Le procureur de la Couronne Robert Rouleau a parlé d'un «compromis» pour décrire le résultat.

Vittorio Mirarchi et ses coaccusés étaient initialement accusés de meurtre. Ils avaient présenté une requête relative à la technologie ultrasecrète utilisée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour intercepter leurs messages BlackBerry. Alors que la requête devait être entendue, ils avaient finalement pu plaider coupable à une accusation réduite de complot pour meurtre.

D'autres complices détenus préventivement ont reçu leur peine hier. Pietro Magistrale n'a plus que quatre mois et demi à purger sur une peine totale de sept ans et demi. Steven Fracas, qui a passé moins de temps en détention préventive, a encore 39 mois à purger sur une peine de neuf ans. Steven D'Addario a encore 15 mois à purger sur une peine de sept ans. Calogero Milioto doit purger encore un peu plus de quatre mois sur une peine de neuf ans, alors que Jack Simpson, qui possède de plus lourds antécédents criminels que ses coaccusés, doit purger 15 mois sur une peine de 10 ans.

Le caïd Raynald Desjardins, présenté comme la tête dirigeante du complot, avait déjà écopé d'une peine de 14 ans, moins le temps passé en détention préventive, en décembre 2016.

La thèse des autorités, basée sur les nombreux messages BlackBerry interceptés par la GRC, était que les co-conspirateurs avaient commencé à planifier le meurtre de Salvatore Montagna parce qu'ils le soupçonnaient d'avoir tenté de tuer Raynald Desjardins, en septembre 2011.

Ancien chef par intérim de la famille mafieuse des Bonnano à New York, Montagna s'était établi au Québec après son expulsion des États-Unis. Il s'était d'abord allié à Desjardins et à Mirarchi pour occuper le vide laissé par l'emprisonnement du parrain Vito Rizzuto. Mais l'alliance n'avait pas duré.

Montagna avait été convoqué à une rencontre à Charlemagne, chez Jack Simpson, où il avait été tué par balle.

- Avec la collaboration de Daniel Renaud