Plus de deux ans après l'arrestation en avril 2015 de deux ex-élèves du collège de Maisonneuve, leur procès pour terrorisme s'ouvre ce matin au palais de justice de Montréal avec la sélection du jury. Voici ce qu'il faut savoir.

El Mahdi Jamali, 20 ans, et Sabrine Djermane, 21 ans, sont accusés d'avoir tenté de quitter le Canada en vue de commettre un acte terroriste à l'étranger, de possession d'une substance explosive dans un but criminel, d'avoir facilité un acte terroriste et d'avoir commis un acte au profit ou sous la direction d'un groupe terroriste. Ils ont plaidé non coupable. Comme ils avaient 18 ans au moment des faits, ils sont jugés comme des adultes. S'ils sont reconnus coupables, ils risquent la prison à vie. Une ordonnance de non-publication nous interdit de dévoiler, à ce stade-ci, la preuve dans cette affaire.

Détenus depuis deux ans

Les deux jeunes adultes, qui formaient un couple au moment de leur arrestation, sont derrière les barreaux, détenus séparément, depuis plus de deux ans. En juin 2015, lors de l'enquête sur remise en liberté les concernant, le juge Robert Sansfaçon avait décidé, après avoir évalué le risque de fuite, la dangerosité des accusés et l'impact de sa décision sur la confiance du public, que les accusés ne pourraient pas regagner leur liberté avant la fin de leur procès.

Un procès devant jury

Le duo aurait pu avoir son procès devant juge seul, il a choisi d'aller devant un jury. Un véritable coup de dés. Pourquoi ? Le « choix des accusés de tenir un procès devant juge et jury repose sur des considérations que je ne décrirai ou ne commenterai pas dans le cadre de mon mandat », a indiqué à La Presse MCharles Benmouyal, l'avocat de Sabrine Djermane.

Nous avons demandé l'avis de l'avocat criminaliste Richard Dubé, qui a occupé en défense dans plusieurs procès pour meurtre et d'autres crimes graves, souvent devant jury.

« C'est une question de stratégie. Les avocats font l'évaluation qu'ils pourraient peut-être convaincre 12 citoyens qui n'ont pas la même structure mentale qu'un juge qui, lui, va suivre la loi avec toute la rigueur [intellectuelle qu'on attend de lui]. Ce qu'on se dit dans ce temps-là, c'est que ça va être plus facile de convaincre 12 citoyens avec les arguments qu'on a, qui ne sont pas nécessairement des arguments de droit, mais des arguments factuels », dit-il. 

« Souvent, il y a des verdicts de procès qu'on a fait devant jury où manifestement, les accusés devenaient sympathiques. Au départ, ils ont le statut de personnes qui ont commis un crime, et plus le procès évolue, plus on voit que l'atmosphère change. Et finalement, on commence à comprendre qu'eux aussi ont une histoire à raconter. C'est ce que j'appelle gagner la guerre de la sympathie. Quand tu es capable d'attirer sur ton client une compréhension humaine de sa réalité, les jurés deviennent perméables aux arguments. Peut-être que c'est là-dessus que les avocats vont vouloir tabler. »