Richard Chassagne, qui a séquestré et agressé sexuellement trois prostituées et une jeune serveuse de bar, a écopé de dix ans et demi de prison, mercredi, à Montréal.

En rendant sentence, le juge Salvatore Mascia a relevé plusieurs facteurs aggravants, dont le fait que l'homme de 52 ans avait planifié ses crimes et qu'il minimisait l'impact sur les victimes. « Elles sont habituées aux gars », avait-il dit au sujet des prostituées, alors qu'il subissait une évaluation psychologique.

Les faits avec trois des victimes se sont produits en mai et juin 2015, tandis que l'agression de la jeune serveuse avait eu lieu en mai 2014. Dans ce cas précis, Chassagne était un habitué du bar du boulevard Gouin Ouest, où la jeune femme travaillait. Un certain soir de mai, elle lui a demandé de la reconduire chez elle après le travail. Il l'a amenée dans un quartier industriel, où il l'a contrainte à lui faire une fellation, avant d'avoir une relation sexuelle complète avec elle. « On va être bien ici. Si tu fais ce que je te demande, je te laisserai pas toute nue sur la rue, ça va ben aller », lui avait lancé le gaillard de fort gabarit. La jeune fille s'était exécutée en pleurant. Il l'avait ensuite conduite chez elle.

En ce qui concerne les trois autres victimes, Chassagne les cueillait sur le coin des rues, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, et les amenait dans des endroits sombres et isolés pour abuser d'elles, sans payer.

« Pour moé, c'est gratis », a-t-il dit à l'une des victimes, en lui ordonnant de se déshabiller. Il a eu des relations sexuelles sans utiliser de condoms. Les trois travailleuses du sexe ont pu relever le numéro de plaque de M. Chassage. L'homme a été arrêté en juin 2015, et est resté détenu depuis.

Problèmes de consommation et de jeu

L'homme a plaidé coupable à des accusations de séquestration et agressions sexuelles.

Au moment des faits de 2015, M. Chassagne avait perdu son emploi et vécu une rupture amoureuse. Il était retourné vivre chez sa mère. Il utilisait l'auto de cette dernière pour commettre ses agressions.

M. Chassagne a fait l'objet d'évaluations psychologique et psychosexuelle pour éclairer la Cour à son sujet. Les rapports ne sont pas très positifs. L'homme a des problèmes reliés à la consommation et au jeu, et il est dépendant affectif. On a aussi fait mention d'un trouble de dépression majeur. Les risques de récidive ont été évalués de modérés à élevés. 

« Il cherche des victimes vulnérables, des victimes faciles », a signalé le juge Mascia. Le magistrat a aussi noté que la preuve était forte, pour ne pas dire accablante, puisqu'il y avait de l'ADN.

Me Yves Gratton, qui représentait l'accusé, avait suggéré une peine de huit ans et demi, tandis que Me Nadine Haviernick, de la Couronne, proposait 12 ans. Le juge a estimé qu'une peine de dix ans et demi était appropriée dans les circonstances. En soustrayant la détention préventive, c'est une peine d'un peu moins de huit ans que M. Chassagne devra purger à partir de maintenant. L'homme avait quelques antécédents judiciaires, qui n'étaient pas en semblable matière.