Le procès pour meurtre de Jonathan Mahautière a avorté jeudi après-midi au palais de justice de Montréal, une conclusion rarissime. Au terme de huit jours de délibérations, le jury n'a pas réussi à s'entendre sur les deux verdicts possibles: meurtre non prémédité et homicide involontaire. Un second procès sera ainsi nécessaire.

Le jeune homme de 21 ans avait admis pendant le procès avoir tué son ex-copine de 17 ans Gabrielle Dufresne-Élie en l'étranglant dans un motel de l'est de Montréal, le 7 juin 2014. Il restait ainsi au jury de déterminer si Jonathan Mahautière avait eu «l'intention spécifique» de tuer l'adolescente ou s'il avait commis un «geste illégal qui a entraîné la mort», comme l'a expliqué son avocat Me Clemente Monterosso.

Or, les 12 jurés ne sont pas parvenus à une décision unanime, menant ainsi à la dissolution du jury.

«Il faut reprendre à zéro», a réagi la procureure de la Couronne, Me Geneviève Dagenais. Loin d'être sonnée par cette étonnante conclusion, l'avocate était déjà d'attaque pour le second procès. «On va recommencer cet automne probablement», a-t-elle indiqué. Une nouvelle date de procès sera fixée le 24 mai prochain. 

L'avocat de l'accusé, Me Monterosso, semblait plutôt déterminé à obtenir une entente négociée avec la Couronne, sans refaire de procès. «Je vais tout tenter pour négocier avec le DPCP un plaidoyer sur un chef d'accusation d'homicide involontaire coupable. De toute évidence, on a présenté une défense sérieuse», a-t-il affirmé.

À la sortie de la salle de cour, les proches de la victime, Gabrielle Dufresne-Élie, sont partis sans parler aux journalistes, visiblement sonnées par la dissolution du jury.

Ce dossier était «émotif» pour les membres du jury, a souligné Me Dagenais, en soulignant le bon travail des jurés. «On demande à des citoyens ordinaires de juger des causes complexes, alors nécessairement, à certains moments, on peut en arriver à une impasse», a-t-elle déclaré. Malgré ce résultat décevant pour la Couronne, Me Dagenais assure être «très satisfaite de la façon dont les choses se sont déroulées». 

Les jurés ont fait un «travail consciencieux» selon Me Monterosso, sachant qu'un verdict de meurtre au second degré, passible de la prison à vie, était «lourd de conséquences». «Ça démontre que le système devant jury fonctionne très bien. Les 12 citoyens choisis ont fait un travail exceptionnel, rigoureux et sérieux. Ça démontre justement qu'ils ont jugé en leur âme et conscience», a-t-il ajouté. 

Jonathan Mahautière est accusé d'avoir tué Gabrielle Dufresne-Élie, le 7 juin 2014, dans un motel de l'est de Montréal. Le jeune homme, alors âgé de 18 ans, avait étranglé à mort l'adolescente. Il n'acceptait pas la récente rupture du couple. Selon son témoignage, il aurait tué l'adolescente lorsque celle-ci avait mentionné son récent avortement. «J'ai perdu le contrôle. [...] Je n'ai jamais voulu lui faire du mal», avait-il affirmé pendant le procès.