«Je crois que ma blonde est étranglée.» C'est ce qu'a fini par dire Jonathan Mahautière à l'ambulancier qui tentait de comprendre pourquoi le jeune homme de 18 ans venait d'appeler au 911.

À l'arrivée des ambulanciers, Mahautière était toujours dans la cabine téléphonique près du motel Chablis, dans l'est de Montréal, en ligne avec la centrale d'urgence.

«Il répétait sans cesse d'appeler la police. Il n'était pas capable de me dire ce qui s'était passé», a témoigné l'ambulancier Alexandre Boeykens, hier, au procès de Mahautière, aujourd'hui âgé de 20 ans, accusé du meurtre non prémédité d'une adolescente de 17 ans.

Trente minutes plus tard

Après avoir lâché cette phrase confuse sur sa «blonde étranglée», Mahautière a tendu à l'ambulancier la clé de la chambre 101 du motel Chablis, situé de l'autre côté de la rue Sherbrooke.

Or, sous l'ordre d'un superviseur qui jugeait la situation «non sécuritaire», les ambulanciers ont attendu l'arrivée des policiers pour entrer dans la chambre. Les premiers policiers sont arrivés sur les lieux à 23h13, soit 30 minutes après l'appel au 911, à 22h46.

Dans la soirée du 7 juin 2014, Gabrielle Dufresne-Élie, 17 ans, a été retrouvée morte dans la chambre 101 du motel de la rue Sherbrooke. Mahautière, son ex-petit ami, a été arrêté sur les lieux.

Crise de jalousie

Il y avait deux Jonathan Mahautière, selon Chloé Dufresne-Élie, soeur jumelle de la victime.

Devant les parents des jumelles, l'accusé était poli et gentil. Mais lorsqu'il était seul avec son amie de coeur, il faisait «des crises de jalousie». On voyait alors son «vrai visage», a raconté la soeur endeuillée, hier, au procès qui se déroule au palais de justice de Montréal.

Tout comme sa mère, qui a rendu un témoignage émotif la veille, la jeune femme de 20 ans a eu besoin de presser très fort de sa main droite une balle de caoutchouc «antistress» orange durant toute l'audience.

En couple depuis deux ans avec Gabrielle, l'accusé faisait partie de la famille, selon Chloé. «On l'a accueilli à bras ouverts. Il n'y a aucun doute là-dessus», a décrit la jeune femme avec une pointe de colère dans la voix.

Quelques semaines avant le meurtre, l'accusé s'est mis à téléphoner de façon «obsessive» à la maison, a raconté la soeur jumelle. Leur couple battait de l'aile. Si Gabrielle ne répondait pas, il pouvait rappeler une dizaine de fois dans la soirée. « C'était quasiment du harcèlement », a décrit Chloé au jury.

Le jour de la tragédie, Gabrielle a confié à sa soeur, de qui elle était très proche, qu'elle allait rencontrer un thérapeute avec Jonathan. Le samedi, les adolescentes devaient respecter un couvre-feu fixé à 22h30. Chloé est rentrée à l'heure. Pas Gabrielle.

Chloé s'est alors doutée que sa soeur pouvait se trouver au motel Chablis, situé à six ou sept minutes à pied de la maison. Les filles étaient déjà allées plusieurs fois avec leur copain respectif, puisque aucun garçon n'avait le droit de rester à coucher à la maison.

En début de nuit, n'ayant aucune nouvelle de Gabrielle, Chloé et sa demi-soeur Christine se sont rendues au motel à pied. À leur arrivée, elles ont montré une photo de leur soeur à la réceptionniste, qui les a dirigées vers la chambre 101. Deux policiers montaient la garde devant la chambre. En les voyant, les filles ont craint le pire.

Et leur crainte s'est confirmée.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Chloé Dufresne-Élie