L'auteur de littérature jeunesse Maxime Roussy a été déclaré coupable de crimes sexuels et de leurre par internet, hier à Montréal. Il a été incarcéré sur-le-champ, à la demande de la Couronne. Les plaidoiries sur la peine auront lieu en janvier.

La victime était une jeune admiratrice de l'écrivain. Elle avait 11 ans quand elle a connu Roussy, en 2005, 14 ans lors de leur première relation sexuelle, et 16 ans lors de la dernière. Elle a porté plainte quelques mois plus tard, en mars 2011. La jeune fille, que nous appelons Karine pour protéger son identité, était amoureuse de Roussy.

Lors du procès, elle a raconté que les discussions qu'ils avaient eues sur le web étaient devenues sexuelles, et que Roussy l'avait entraînée dans le sadomasochisme et le sexe hard lors de rencontres dans des motels. Les faits se sont produits entre le 4 juillet 2006 et le 4 juillet 2010. L'homme de 40 ans n'a pas témoigné, mais a présenté un témoin en défense, un expert en informatique qui visait à démontrer que la jeune fille avait créé des documents pour incriminer Roussy. Mais cela n'a pas fonctionné.

Convaincue

La juge Dominique B. Joly a rendu une décision très étoffée, qu'elle a lue pendant une heure et demie, hier après-midi. Elle s'est longuement attardée sur la preuve informatique, qui était au coeur de ce procès. La juge s'est dite convaincue hors de tout doute qu'il y avait eu des échanges entre les deux de 2006 à 2011 qui comportaient des «liens réciproques de vidéos à caractère pornographique, des scénarios sexuels, la description détaillée de scènes sadomasochistes... de ce qu'ils pourraient se faire sexuellement l'un à l'autre, et de l'existence de neuf rencontres lors desquelles il y a eu attouchements de part et d'autre, et/ou des relations sexuelles».

La juge note qu'avant de rencontrer l'accusé, la plaignante était intéressée par le sujet. «À 13 ans, la plaignante, contrairement à la plupart des jeunes de son âge, est très informée sur le sexe, la violence et les relations sadomaso.»

Avant de rencontrer l'accusé, la jeune femme avait fait du cybersexe avec des inconnus. Cela découlait apparemment de problèmes compulsifs. Elle avoue elle-même que ce serait allé plus loin si elle n'avait pas été hospitalisée.

Dans cette affaire, le consentement n'était pas en cause, car la victime n'avait pas l'âge de consentir. La juge a relevé que le législateur avait voulu protéger les adolescentes qui, du seul fait de leur âge, sont vulnérables, et que la loi « voulait empêcher tout adulte de profiter des adolescentes, quel que soit leur état physique ou psychologique ».

Décrite comme très intelligente et en avance sur son âge, la jeune femme a surpris par son détachement lors de son témoignage. La juge note qu'elle est « d'un grand calme et semble tout à fait détachée par rapport aux événements qu'elle décrit. Elle est en plein contrôle de la situation ». Très organisée, elle avait conservé quantité de documents qui venaient appuyer ses dires, comme des billets d'autobus, des achats de contraceptifs d'urgence et autres. Elle tenait par ailleurs un journal qui relatait ses sentiments et le détail de ses rencontres avec Roussy, incluant le numéro de la chambre de motel.

Maxime Roussy a connu beaucoup de succès en matière de littérature jeunesse, notamment avec la série Pakkal et Le blogue de Namasté. Hier, il a été menotté et a pris le chemin de la détention devant sa conjointe et une de leurs filles. La victime, qui a assisté à tout le procès, était également dans la salle. Me Caroline Dulong et Me Valentina Corsetti, en défense, feront leurs plaidoiries sur la peine en janvier.

Outre le leurre et la pornographie juvénile, Maxime Roussy est déclaré coupable d'attouchements, d'agression sexuelle armée (à cause des objets utilisés lors de relations sexuelles) et de non-respect de conditions.