Pour avoir facturé des centaines de milliers de dollars à des parents coréens en leur laissant croire que leurs enfants poursuivaient leurs études au Canada, Jeong Wan Cho et son fils, Kang Kim, ont écopé quatre ans et cinq mois de prison, mardi, à Montréal.

La femme de 64 ans et son fils de 36 ans ont plaidé coupable à des accusations de fraude à l'endroit de neuf parents coréens, entre janvier 2012 et juillet 2015, et de séquestration à l'endroit de huit des neuf élèves entre août 2014 et juillet 2015.

Mme Wan Cho et M. Kim exploitaient l'agence PDS, qui permettait à des jeunes coréens de venir étudier au Québec dans le but éventuellement de poursuivre leurs études dans des universités nord-américaines.

Les parents payaient en moyenne 60 000 $ par année pour leur enfant, ce qui incluait l'hébergement et les frais scolaires. Or, à partir d'un certain moment, les enfants ne sont plus allés à l'école, et ils ne résidaient plus à l'endroit où ils étaient censés demeurer. Leurs parents en Corée n'en savaient rien. Il faut dire que les enfants n'étaient autorisés à parler à leurs parents que deux fois par année, que cela se faisait sous surveillance, et qu'ils avaient pour consigne de ne pas parler de certaines choses.

Le 15 juillet 2015, un homme sud-coréen a signalé la disparition de sa fille, car il ne parvenait plus à joindre son gardien, Kang Kim. Le numéro de cellulaire de ce dernier était désactivé. Dans la semaine suivante, d'autres disparitions d'enfants sud-coréens ont été signalées au SPVM. Le 23 juillet, les enfants étaient finalement localisés dans des hôtels de Montréal.

Mauvaise administration

En rendant sa décision, mardi, le juge Serge Delisle a signalé que l'agence avait exercé ses activités de façon normale dans les années précédentes. En 2012 et 2013, tous les élèves fréquentaient une école. Ce n'est après que les problèmes ont commencé. Le juge mentionne que la preuve ne démontre pas de grande planification, ni la mise en place d'un stratagème frauduleux sophistiqué. C'est plutôt «la détresse financière résultant d'une mauvaise gestion et de la négligence des délinquants» qui en est la cause. Le juge poursuit en disant que plutôt que de cesser l'exploitation de l'agence et d'aviser les parents, Mme Cho et son fils ont «choisi de poursuivre leurs activités dans le mensonge en utilisant l'argent des parents à d'autres fins que celles prévues au contrat.»

De fait, les accusés ont produit des fausses factures, utilisé plusieurs cases postales et plusieurs adresses courriel et ont changé souvent de lieux, ce qui atteste, selon le juge, de leur volonté de tromper et laisser le moins de traces possible.

Le juge a de plus condamné Mme Cho et son fils à dédommager les victimes à hauteur de ce qu'ils leur ont soutiré, soit une somme totale de 660 000 $.