Durant les mois précédant son arrestation, le suspect de terrorisme Ismaël Habib était, sans le savoir, entouré par des agents d'infiltration de la GRC qui se sont immiscés dans plusieurs pans de sa vie.

Ce matin, deux agents d'infiltrations, qui ont témoigné sous le couvert de l'anonymat cachés derrière un paravent parce qu'ils sont toujours en opération, ont raconté les nombreux scénarios auxquels ils ont participé. La police avait tissé toute une toile autour du jeune accusé. Les deux témoignages révèlent l'implication d'au moins cinq policiers différents qui jouaient tous des rôles dans la vie de Habib dans le cadre de plus de 15 scénarios différents. D'autres policiers doivent encore témoigner.

L'un des agents avait pour mandant de «devenir ami» avec l'accusé, dont le procès se poursuit aujourd'hui à Montréal. L'agent a notamment raconté comment il est allé s'entrainer dans un gymnase avec Habib en novembre 2015.

Les deux hommes ont aussi eu une longue conversation sur la religion lors de laquelle le suspect lui a raconté sa conversion à l'Islam.

«Il m'a dit que quand il était jeune, il a commis des crimes et il a abusé de drogues comme la cocaïne, l'ecstasy et les amphétamines», a relaté le policier, identifié à la cour par le nom de code: agent d'infiltration 1 (AI1).

Après quatre journées à prendre des amphétamines, lui aurait confié Habib, ce dernier a cru qu'il allait mourir. Il n'arrivait plus à respirer. Il est alors sorti dehors et a promis à Allah que s'il le sauvait, il consacrerait sa vie à lui.

Un autre policier, identifié comme AI2, a pour sa part expliqué comment il a laissé croire à l'accusé qu'il serait facile pour lui de se procurer un faux passeport.

L'agent était accompagné de Habib lorsqu'il est allé chercher trois passeports vierges, fournis par une autre policière qui elle, jouait le rôle d'une employée corrompue de Passeports Canada. La femme a remis les documents de voyage cachés dans une boite de souliers.

«J'aimerais ça avoir des souliers comme ça», aurait déclaré Habib à AI2 après avoir vu le contenu de la boîte.

L'agent l'a ensuite amené rencontrer un «contact» dans une halte routière en Ontario, contact à qui il a remis les passeports vierges et des photos d'un inconnu. «Je lui ai mentionné qu'on donne les documents vierges au contact et qu'il met l'info qu'il veut dedans», a témoigné AI2, affirmant que Habib s'était montré emballé par cette information.

Le jeune homme aurait confié avoir payé jusqu'à 1800 $ pour tenter de se procurer un faux passeport. Il aurait ajouté avoir aussi fait venir un document de voyage d'Europe, mais que la GRC l'a intercepté.

Hier, des employés de Passeport Canada ont témoigné que le suspect a essayé d'obtenir un passeport canadien en usurpant l'identité de son frère jumeau en 2014.

Le procès se poursuit cet après-midi.