Un trafiquant de stupéfiants autrefois lié au défunt chef de clan de la mafia montréalaise Giuseppe de Vito a obtenu sa libération provisoire il y a quelques jours, plus de deux ans après son arrestation dans le premier volet de l'opération antimafia Clemenza.

Ali Awada, 28 ans, qui est accusé d'enlèvement, de séquestration et de complot pour deux incendies criminels, a été libéré moyennant une caution de 1000 $ et aux conditions de respecter un couvre-feu de 23 h à 6 h à la maison, de ne pas communiquer avec ses coaccusés ou avec des individus ayant des antécédents criminels, de remettre son passeport et de ne pas changer d'adresse.

Il était détenu depuis son arrestation en juin 2014 dans le premier volet de l'enquête Clemenza, menée par la Gendarmerie Royale du Canada contre les clans de la mafia qui avaient pris la relève des Siciliens après que ceux-ci eurent subi un dur coup lors de la fameuse rafle antimafia Colisée, en novembre 2006. Cette première phase de l'enquête Clemenza visait particulièrement les clans des frères Bastone et de Giuseppe de Vito, alias Ponytail. Selon la police, ce dernier aurait pris part à l'alliance qui a tenté de renverser les Rizzuto à la tête de la mafia montréalaise en 2009-2010. Il a été assassiné au cyanure dans sa cellule du pénitencier de Donnacona, en juillet 2013.

Condamné à un jour

Mardi dernier, quelques jours après avoir été libéré pour la suite des procédures dans Clemenza, Ali Awada a plaidé coupable à deux chefs de possession d'arme et de possession de marijuana dans un but de trafic dans un autre dossier, au provincial celui-là.

Le juge Pierre Labelle de la Cour du Québec s'est rendu à la suggestion commune de la Poursuite et de la Défense et a condamné Awada à 40 mois de pénitencier. Mais en soustrayant la détention préventive, il ne lui est resté qu'une journée à purger.

La procureure de la Poursuite, Me Katerine Brabant, a expliqué que la suggestion commune tenait compte des antécédents de l'accusé et du fait que son plaidoyer annulait trois jours d'audience sur des requêtes, fixés en décembre prochain.

Fait à noter, dans l'une de ces requêtes, l'avocate de la Défense, Me Danièle Roy, demandait d'obtenir copie de la déclaration vidéo du policier du SPVM, André Thibodeau, arrêté dans le démantèlement d'un réseau de paris sportifs de la mafia en janvier 2015. Après son arrestation, l'ancien sergent a en effet affirmé lors d'un interrogatoire que des sources de la police de Montréal auraient été inventées.

Une autre de ces requêtes concernait Philippe Paul, un ancien enquêteur vedette du SPVM qui a pris sa retraite en 2014, et qui aurait agi comme sous-affiant et contrôleur de sources dans l'enquête qui a mené à l'arrestation d'Awada.

À l'automne 2012, Mohamed Awada, père d'Ali Awada, a été assassiné dans la vague de meurtres qui ont précédé le retour de Vito Rizzuto à Montréal à la suite de sa détention durant six ans aux États-Unis pour son implication dans le triple meurtre de trois lieutenants du clan Bonanno à New York en 1981.

C'est lors de l'enquête Clemenza que les enquêteurs de la GRC ont surpris en direct Raynald Desjardins, Vittorio Mirarchi et leurs complices comploter le meurtre de l'aspirant-parrain Salvatore Montagna, assassiné à Charlemagne en novembre 2011. Ce crime a bousculé l'enquête qui s'est finalement faite en trois vagues, la dernière en mai dernier. Reste à voir quel impact aura le meurtre de Montagna sur la suite des procédures et les sentences.

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