Le président du conseil d'administration des Écoles musulmanes de Montréal, Ahmed Khebir, a été « dévasté et horrifié » quand il a pris connaissance des propos que Djemila Benhabib a tenus le 8 février 2012, au sujet de cet établissement.

Selon lui, un climat de peur s'est installé et les inscriptions à l'école ont baissé.

« Elle n'a pas visité notre école avant de la comparer à un camp militaire », a fait valoir M. Khebir, hier, au premier jour du procès en diffamation que les Écoles musulmanes ont intenté à Mme Benhabib.

Militante pour la laïcité et auteure de livres, dont Ma vie à contre-Coran, Mme Benhabib avait été interviewée au téléphone dans le cadre de l'émission de Benoît Dutrizac, au 98,5 FM, le 8 février 2012. Elle commentait l'enseignement religieux qui était offert aux Écoles musulmanes. Elle trouvait qu'enseigner des versets coraniques à de jeunes enfants était de l'endoctrinement qui véhiculait des valeurs sexistes. Elle donnait en exemple les versets qui traitent de défloration et disait qu'il s'agissait de modèle d'une autre société, loin des valeurs de la nôtre.

LIBRES

M. Khebir assure que les Écoles musulmanes, qui regroupent des élèves de maternelle, du primaire et du secondaire, et qui sont agréées, suivent le programme du ministère de l'Éducation. On y enseigne aussi une heure d'arabe, une heure de mémorisation du Coran et une heure d'éthique islamique par semaine.

Il y a un uniforme pour les élèves. Les jeunes filles sont tenues de porter le voile à partir de la quatrième année, mais elles ne sont pas obligées de le porter hors de l'école, a-t-il dit. Les cinq filles de M. Khebir ont fréquenté cette école, et deux y sont encore. Une seule, la plus vieille, dit-il, porte le voile.

En contre-interrogatoire, Me Marc-André Nadon a tenté de faire admettre à M. Khebir que l'école n'avait pas perdu d'élèves à cause de Mme Benhabib. Il y avait d'autres raisons. Il a aussi tenté de faire dire à M. Khebir qu'un incident de violence à l'égard de l'école, survenu en février 2015, faisait suite à l'attentat contre Charlie Hebdo et n'avait rien à voir avec Mme Benhabib. M. Khebir ne pouvait le dire, puisque le coupable n'a pas été épinglé.

M. Dutrizac, premier témoin appelé à la barre, a raconté les circonstances de l'entrevue. Le procès se poursuit aujourd'hui.

Il est à noter que des collectes de fonds ont été lancées de part et d'autre pour financer ce procès, dans lequel les Écoles musulmanes demandent 95 000 $ en dommages. Le procès, qui se déroule en Cour supérieure, doit durer cinq jours et est présidé par la juge Carole Hallée.

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

L'animateur Benoît Dutrizac a été le premier témoin appelé à la barre.