Des audiences commenceront mardi à Calgary dans le but de déterminer si Robin Camp, ce juge fédéral qui a demandé à une présumée victime d'agression sexuelle pourquoi elle n'avait pas serré ses genoux face à son prétendu agresseur, pourra continuer à exercer ses fonctions.

Robin Camp est accusé d'avoir tenu des propos témoignant de son «antipathie» à l'égard de témoins vulnérables et d'avoir véhiculé une pensée «stéréotypée et biaisée». Un comité de trois membres du Conseil canadien de la magistrature et de deux avocats expérimentés analyse ces allégations depuis l'ouverture d'une enquête publique.

Au terme des audiences - qui s'échelonneront sur sept jours - le comité formulera ses recommandations au Conseil, lequel enverra à son tour les siennes à la ministre de la Justice.

Les faits reprochés remontent à 2014, quand Robin Camp était juge à la Cour provinciale de l'Alberta. Ce dernier a acquitté un homme qui était accusé d'avoir agressé une jeune fille de 19 ans. La version des faits mise de l'avant par l'accusé était selon lui plus crédible.

Les transcriptions de la Cour montrent que le juge avait remis en question la façon trop faible, selon lui, dont la victime s'était débattue face à son agresseur. «Pourquoi n'avez-vous pas simplement gardé vos genoux joints ?», avait-il demandé, ajoutant que «la souffrance et le sexe viennent parfois ensemble».

Le verdict a été annulé en appel et un nouveau procès se tiendra.

Le Conseil canadien de la magistrature a mené 11 enquêtes publiques depuis sa création en 1971, a indiqué la responsable des communications de l'organisation, Johanna Laporte.

La directrice de l'association Calgary Communities Against Sexual Abuse, Danielle Aubry, estime quant à elle que le juge Camp ne devrait pas obtenir le droit d'exercer sa profession. Une Cour fédérale a déjà ordonné au juge de ne pas d'entendre d'autres causes avant que l'affaire connaisse un dénouement.