L'ex-maire de Boisbriand Robert Poirier a été condamné vendredi à 18 mois de prison après avoir été reconnu coupable de fraude, de complot et d'abus de confiance.

Il a appris sa peine en cour criminelle du palais de justice de Saint-Jérôme.

Robert Poirier et une ancienne vice-présidente de la firme de génie-conseil Roche, France Michaud, avaient été reconnus coupables, en septembre, de la majorité des chefs d'accusation portés contre eux en lien avec un stratagème d'attribution de contrats municipaux. L'imposition de la peine de cette dernière a été reportée en raison de ses problèmes de santé.

Ces chefs d'accusation avaient été déposés à la suite d'une enquête menée par l'Unité permanente anticorruption (UPAC).

En déterminant la peine, le juge Normand Bonin, de la Cour du Québec, a tenu compte du fait que M. Poirier avait banalisé ses actes en déclarant à quelques reprises «autres temps, autres moeurs».

«Ce type de discours favorise l'émergence d'une culture de déviance et de transgression des règles établies tout en cherchant à maintenir auprès de l'opinion publique une image favorable», écrit le magistrat.

Le tribunal a noté que l'homme se croyait «intouchable».

La Couronne avait réclamé 30 mois de pénitencier et la défense, une peine à purger dans la communauté.

Le juge a noté que la fraude impliquait dans ce cas-ci des pertes de centaines de milliers de dollars pour la municipalité.

Il a aussi relevé la préméditation de cette affaire, qu'il déduit par la planification et la mise en place d'un système fort complexe.

De plus, «l'accusé Poirier ne reconnaît pas avoir commis de crime et n'a en conséquence aucun remords», note le juge. Il n'a pas remboursé l'argent ni indiqué qu'il allait le faire, peut-on lire dans le jugement sur la peine.

L'homme de 56 ans n'a toutefois aucun antécédent judiciaire, occupe un emploi où il est apprécié et le risque de récidive serait faible, selon son agent de probation.

La procureure aux poursuites criminelles et pénales, Brigitte Bélair, estime que le juge devait livrer un message de dissuasion «clair et sans équivoque».

Elle affirme que «la peine de 18 mois tient compte du fait également que M. Poirier était aux premières loges, et c'est le terme (que le juge) a utilisé, aux premières loges d'un stratagème qui a contribué au maintien d'une culture de collusion et de corruption à Boisbriand».

La mairesse de la ville, Marlene Cordato, a pris acte de la peine et a déclaré par communiqué que pour elle, «tromper la population à titre d'élu est le pire crime qui puisse être commis en démocratie».

La Ville de Boisbriand affirme avoir entrepris en décembre des procédures pour récupérer une partie des sommes volées. Des mises en demeure totalisant 10,6 millions $ ont été signifiées aux firmes et collusionnaires qui ont avoué leur culpabilité ou qui ont été condamnés par les tribunaux.

Robert Poirier a été maire de Boisbriand de 1998 à 2005.