« Je n'ai pas fait ça pour nuire à personne », a répondu Michel Duchaussoy, nébuleux, à une question du sergent-détective François Petit pendant son interrogatoire, dont la première partie a été diffusée devant le jury vendredi matin.

L'homme de 46 ans est accusé du meurtre prémédité du chauffeur de taxi Ziad Bouziz, tué dans la nuit du 20 novembre 2013, dans le quartier Côte-des-Neiges, à Montréal.

Les deux premières heures de l'interrogatoire qui ont été diffusées au palais de justice de Montréal ont principalement jeté le voile sur le passé d'un homme qui ne l'a « jamais eu facile ». Les évènements liés directement au meurtre n'avaient pratiquement pas été abordés dans ce segment de l'interrogatoire. Dans le box des accusés, Duchaussoy est demeuré impassible tout l'avant-midi, le dos souvent voûté, et prenant continuellement des notes dans la dernière heure.

Questionné de longues heures par l'enquêteur, peu de temps après son arrestation, Michel Duchaussoy a répété être surpris d'être accusé d'un tel crime. « Ça ne fait pas trop mon affaire parce que j'ai toujours essayé de me tenir loin de ça, des conneries comme ça. M'as te dire bien franchement, dans ma vie, je ne m'attendais pas à ça pantoute, pantoute, pantoute. J'ai toujours été le style de gars à aider mon prochain », a-t-il affirmé en interrogatoire.

Trois semaines avant le drame, Michel Duchaussoy avait atteint le fond du baril. Sans travail stable, sans toit et sans argent, il a été contraint de dormir chez une amie de sa femme, puis à l'hôtel. La veille de la mort de Ziad Bouziz, Michel Duchaussoy et sa femme Patricia ont même passé la nuit dans un conteneur à Lachine. « J'avais froid. J'étais dans un petit conteneur, collé à Patricia », a-t-il raconté. Pendant ces trois semaines qui ont précédé le meurtre, il n'avait pratiquement pas fermé l'oeil. 

Mère violente, père meurtrier

L'interrogatoire a longuement abordé l'enfance difficile de l'accusé, benjamin d'une famille de six enfants, souvent hospitalisé pour ses problèmes d'asthme et battu à répétition par sa mère. « [Elle] me battait à coup de cuillère en bois quand j'étais petit. J'en ai eu beaucoup de tapes sur la gueule par ma mère. [...] et des coups de pieds sur le cul au point que je ne pouvais plus m'asseoir », a-t-il raconté au policier durant son interrogatoire.

Michel Duchaussoy a été tourmenté toute sa vie par le crime commis par son père, condamné à la prison à vie pour le meurtre de sa seconde femme. « C'était un crime passionnel. Je ne sais pas ce qui l'a pogné. C'était pareil. Il n'avait pas d'ouvrage », a-t-il expliqué, en faisant un parallèle avec sa propre situation.

« Ça a été la marde. Tout le monde a perdu son emploi. Je ne l'ai pas eu facile. [...] À un moment donné, tu deviens agressif. Je me suis battu beaucoup, j'étais révolté quand mon père a tué sa deuxième femme », a-t-il ajouté.

L'écoute de l'interrogatoire de Duchaussoy se poursuivra lundi matin.