Pour avoir très violemment battu un chauffeur d'autobus en avril 2013, Jeffrey Saint-Cloud et Daniel Quiroz Rivas écopent chacun cinq ans de pénitencier. C'était d'une violence inouïe, d'une brutalité incroyable, a fait valoir la juge, en parlant des coups portés à répétition à la tête du chauffeur.

Les deux hommes avaient tout juste 20 ans au moment des faits. Ils ont fini par plaider coupable à une accusation de voie de fait grave à l'endroit du chauffeur Marc-Olivier Fortin. Rivas est détenu depuis trois ans, tandis que Saint-Cloud a bénéficié d'une certaine période de liberté pendant les procédures. Il était cependant retourné en détention, en mai 2015, à la suite d'une décision rendue par la Cour suprême. Il paiera le prix de sa liberté, puisqu'il sortira plus tard que Rivas. Ce dernier a six mois à faire à partir d'aujourd'hui. Il sera ensuite soumis à une probation, avec un couvre-feu. 

Rivas hochait la tête de dépit, dans le box.

L'incident est survenu vers deux heures, la nuit du 23 avril 2013, sur le boulevard Saint-Laurent. Quiroz Rivas, Saint-Cloud, et un ami qui était mineur au moment des faits, étaient frustrés en montant dans le bus, car selon eux, le chauffeur avait démarré sans les faire monter, quelques arrêts plus tôt. Ils avaient rattrapé le bus en montant dans un taxi. 

C'est surtout Quiroz qui a passé des commentaires au chauffeur d'autobus et celui-ci aurait répondu : « Veux-tu une raclée? ». Ils sont allés dans le fond de l'autobus, ont mangé leur pointe de pizza et passaient des commentaires sur le chauffeur. Rendus à destination, les trois sont sortis par la porte avant. Quiroz et Rivas ont craché sur le chauffeur. Celui-ci s'est levé de son siège à leur suite, et leur a dit d'être polis. Les hommes sont revenus, alors que le chauffeur se rassoyait sur son siège. Le chauffeur a poussé Quiroz, qui a empoigné le chauffeur par le cou. M. Fortin a été battu à coups de poing au visage et à la tête par les trois jeunes. Ce sont de jeunes passagers qui sont intervenus pour porter secours au chauffeur. M. Fortin aurait entre autres subi un traumatisme crânien, et eu la mâchoire déplacée. Il est resté avec des séquelles qui l'affectent encore aujourd'hui.  Il n'a pas repris le travail depuis, et n'est plus en mesure de conduire un autobus. Les rapports médicaux sont cependant contradictoires sur son état de santé, a reconnu la juge.

La victime n'est pas venue à la Cour, mais son père, Yves Fortin, a toujours été présent. Il a indiqué qu'il n'avait pas à être satisfait ou non de la sentence, mais a dit espérer que la société se donne des outils pour vivre en paix. 

Plusieurs chauffeurs d'autobus de la STM étaient présents ce matin pour le jugement. Au point où il ne restait plus de place pour certains membres des familles des accusés. À la demande de la juge, des chauffeurs leur ont cédé leur place.

À la fin de l'audience, leur porte-parole, Renato Carlone, a indiqué qu'aucun chauffeur d'autobus ne peut être satisfait de la sentence. « On a un membre qui ne pourra plus faire son métier. Marc-Olivier est condamné à vie. Je l'ai vu avant et après. Ce n'est plus le même homme. »