Après une longue saga judiciaire, Jean-Philippe Mailhot a pris le chemin de la prison, lundi, pour avoir poignardé à 34 reprises sa jeune épouse venue du Chili, en 2004.

Plutôt que de subir un nouveau procès pour meurtre comme l'a ordonné la Cour suprême, M. Mailhot a plaidé coupable à une accusation réduite d'homicide involontaire. Le juge André Vincent l'a condamné à 12 ans de pénitencier, comme le suggéraient la Couronne et la défense. 

La victime, Ana-Maria Salinas Norbakk, originaire du Chili, a été tuée la nuit du 13 octobre 2004, dans le logement de Montréal-Nord qu'elle occupait avec Mailhot. Le couple s'était rencontré sur Internet en jouant des jeux de rôles. Croyant avoir trouvé l'amour, ils s'étaient mariés à l'été 2004, soit deux mois avant le drame. Au moment des faits, Mailhot avait tout juste 22 ans, tandis que la victime en avait 26. Elle était mère d'une fillette, qui se faisait garder au Chili pendant qu'elle était au Canada.

La nuit du crime, Mailhot avait appelé le 9-1-1 en disant qu'en entrant chez lui, il venait de trouver son épouse «pleine de trous.» Mais les policiers s'étaient vite rendu compte qu'il était impliqué. 

Lors de son procès, en 2008, M. Mailhot a admis qu'il avait poignardé son épouse, mais c'était pour abréger ses souffrances, car elle s'était d'abord poignardée au cou elle-même, disait-il. Au terme du procès, le jury l'avait déclaré coupable de meurtre non prémédité. M. Mailhot a interjeté appel, mais son pourvoi a été rejeté. Il a poursuivi jusqu'en Cour suprême. En 2013, la plus haute cour du Canada a ordonné qu'il subisse un nouveau procès. 

Avant le drame, M. Mailhot était un homme sans histoire et sans antécédent judiciaire. Il a été en liberté pendant une grande partie des procédures depuis douze ans et a toujours respecté ses conditions. Le temps qu'il a passé en détention préventive, moins de trois ans, sera soustrait de sa peine.

Lundi, avant de recevoir sa peine, Mailhot s'est adressé directement à Gunn Norbakk, la mère de la victime, pour demander pardon. «Je suis désolé. J'espère que ma sentence va rendre la paix à tout le monde», a-t-il dit notamment. 

Une fois que le juge a été sorti, Mme Norbakk s'est approchée du box des accusés où se trouvait encore Mailhot. Elle lui a donné de petites tapes sur l'épaule, en signe de pardon.

«Je l'ai trouvé brave. Il m'a regardé dans les yeux et a dit: c'est correct, je suis celui qui a fait ça», a commenté Mme Norbakk, après l'audience. 

Il est à noter que la femme est venue de Norvège pour assister à l'audience. C'est elle qui a la garde de sa petite-fille.