L'ex-blogueur Phylip Saint-Jacques s'est inventé une histoire d'abus et de maltraitance dans sa famille, pour amadouer les parents d'enfants autistes, afin de se rapprocher de ces derniers.

C'est ce que des parents ont raconté, mardi, dans le cadre des représentations sur la peine à imposer à Saint-Jacques. L'homme de 23 ans, qui souffre d'une forme d'autisme (Asperger), a plaidé coupable à des accusations de contacts sexuels et production de pornographie infantile. Il a pris en photos une trentaine d'enfants en difficulté, a relaté la procureure de la Couronne, Roxane Laporte. Les faits se sont produits entre 2012 et 2014. 

Les parents qui ont témoigné, trois mères et un père, avaient tous reçu un diagnostic à l'effet que leur propre enfant était autiste. Ils en étaient dévastés, et cherchaient de l'information à ce sujet. Chacun de leur côté, ils en sont venus à entrer en contact avec Phylip Saint-Jacques, qui était très actif sur le web, et qui tenait même un blogue dans le Huffington Post. Il disait vouloir démystifier l'autisme, et semblait savoir de quoi il parlait. Les parents étaient contents de parler à quelqu'un qui pouvait leur donner des informations de première main sur l'autisme.

Le loup

De fil en aiguille, Saint-Jacques et les parents ont fraternisé, et celui-ci s'est rendu chez certains d'entre eux.

« Dans mon aveuglement, j'ai fait entrer le loup dans la bergerie », a illustré une des mères. Elle se souvient que la première fois où il est venu à la maison, Saint-Jacques a raconté avoir subi de multiples abus dans sa famille. Le jeune homme aurait raconté qu'il avait été contraint de se prostituer. Plus tard, il disait avoir des problèmes d'hygiène. Il voulait apprendre en regardant des enfants se faire laver, ou avoir des photos ou vidéos en ce sens. 

Croyant que cette demande bizarre faisait partie de l'autisme, des parents ont accepté, dans un but éducatif. Ils voulaient aider Saint-Jacques. Celui-ci en a profité à l'occasion pour prendre des photos ou des vidéos avec son téléphone.

La mère de Saint-Jacques, Sylvie Dubreuil, a pris la parole à son tour, pour dire que son fils n'avait jamais voulu faire de mal. Il lançait un appel de détresse qu'il a mal formulé, selon elle. « Il n'est pas pédophile. Il est autiste et maladroit. Il cherchait simplement à comprendre. Il a gardé les photos pour lui. Il n'est pas aussi méchant qu'ils l'ont dit. Il n'a pas violé leur enfant... »

« Pas très bon pour me faire des amis »

Saint-Jacques a pris la parole lui aussi, pour dire qu'il était désolé d'avoir trahi leur confiance, et qu'il ne voulait pas faire de mal à quiconque. « Je ne suis pas très bon pour me faire des amis. »

Me Laporte et l'avocat de la défense, Me Charles Montpetit, suggèrent d'imposer une peine de 22 mois de prison, ce qui représente le temps que Saint-Jacques passé en détention préventive. À sa sortie, il devrait se soumettre à différentes conditions, dont une probation de trois ans.

La juge Isabelle Rheault rendra sa décision mercredi.