Le gouvernement fédéral ne portera pas en appel la décision d'un tribunal albertain d'accorder à l'ancien détenu de la prison de Guantanamo Omar Khadr sa libération sous caution.

La nouvelle a été annoncée dans un communiqué publié conjointement, jeudi, par le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, et la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould.

Dans le communiqué, les ministres affirment que le gouvernement respecte la décision de la Cour du Banc de la Reine de l'Alberta, qui a jugé que M. Khadr devait être mis en liberté sous caution au Canada «dans l'attente de l'appel de ses déclarations de culpabilités et de sa peine aux États-Unis».

Ils ajoutent que ce désistement est une étape importante pour le fédéral, qui s'est engagé à revoir sa stratégie en matière de litiges.

Les avocats du jeune homme ont été agréablement surpris par cette annonce.

«Nous sommes ravis de la décision du gouvernement. Nous croyons que c'est la bonne décision. Nous n'avons jamais pensé que cet appel était vraiment fondé», a déclaré Me Nate Whitling depuis Toronto.

Cette décision du gouvernement libéral constitue un virage majeur par rapport à son prédécesseur conservateur, qui s'est férocement battu pour obliger Omar Khadr à purger toute sa peine d'emprisonnement pour crimes de guerre derrière les barreaux.

M. Khadr, aujourd'hui âgé de 29 ans, avait été libéré en mai après avoir passé près de 13 ans en prison, dont quatre comme criminel de guerre. Depuis, il vit avec l'un de ses avocats, Dennis Edney, à Edmonton et mène une existence tranquille.

Né à Toronto, le jeune homme avait été capturé par les États-Unis en juillet 2002 alors qu'il était âgé de 15 ans et gravement blessé. Il avait rapidement été envoyé à Guantanamo, où il avait été accusé de plusieurs crimes de guerre dans le cadre d'une commission militaire ayant été vivement critiquée.

En octobre 2010, il avait finalement plaidé coupable à cinq accusations, dont une de meurtre en lien avec la mort d'un soldat des forces spéciales américaines. La commission l'avait condamné à huit autres années de prison.

Omar Khadr est revenu au Canada en 2012 grâce à un traité de transfèrement international et a plus tard soutenu qu'il n'avait plaidé coupable que pour sortir du tristement célèbre pénitencier en sol cubain.

En avril l'an dernier, la juge June Ross du Cour du Banc de la Reine de l'Alberta avait accepté de le libérer sous caution pendant qu'il porte en appel sa condamnation pour crimes de guerre aux États-Unis, un processus qui pourrait s'étaler sur de nombreuses années.

Les avocats de M. Khadr avaient fait valoir que les infractions auxquelles leur client avait plaidé coupable n'étaient pas des crimes à ce moment et que la commission militaire n'avait pas l'autorité nécessaire pour le juger.

La poursuite de 20 millions $ déposée par le jeune homme contre le gouvernement fédéral, qu'il accuse d'avoir comploté avec les Américains pour le torturer et le priver de ses droits, est toujours en cours.

Le défunt père d'Omar Khadr était ami avec le terroriste Oussama ben Laden et sa mère a déjà suscité la colère de la population canadienne en exprimant publiquement son soutien à Al-Qaïda.