Mike Duffy soutient avoir saisi toutes les occasions qui s'offraient à lui pour s'opposer au plan concocté par le cabinet de l'ancien premier ministre conservateur Stephen Harper qui consistait à dire au public que le sénateur avait fait une erreur et remboursé les dépenses contestées par le Sénat.

Cinq jours après le début du témoignage de M. Duffy, l'avocat de la défense Donald Bayne a abordé, lundi, le sujet le plus délicat du procès sur le plan politique: le fameux paiement de 90 000 $.

Nigel Wright, l'ex-chef de cabinet de M. Harper, a secrètement signé un chèque personnel pour permettre à Duffy de rembourser ses dépenses controversées en mars 2013.

Les négociations entre le cabinet, M. Duffy et son avocat concernant ce remboursement sont au coeur de la poursuite intentée contre l'ancien sénateur conservateur, qui a plaidé non coupable à 31 chefs d'accusation de fraude, d'abus de confiance et de corruption.

La principale tâche du juge sera de déterminer si Mike Duffy a été forcé d'accepter un scénario mis au point par de puissants stratèges politiques ou s'il a volontairement participé à son élaboration.

Alors que Me Bayne passait en revue des courriels échangés par des membres du cabinet en février 2013, M. Duffy a déclaré qu'il n'était pas au courant à l'époque des discussions relativement au plan en vertu duquel il devrait s'excuser publiquement et s'engager à rembourser les dépenses contestées.

«Encore une fois, juste pour que ce soit clair, est-ce que ce scénario était le vôtre?» a demandé l'avocat de la défense.

«Non, ce n'était pas mon scénario, il ne reflétait pas mon opinion au sujet de ce qui s'était passé. Il ne correspondait pas du tout à ce que je pensais», a martelé le sénateur.

Mike Duffy insiste sur le fait qu'il n'a enfreint aucune règle lorsqu'il a réclamé au Sénat le remboursement de dépenses d'hébergement et de déplacements en partant du principe que sa résidence principale était située à l'Île-du-Prince-Édouard.

Durant son témoignage en août, M. Wright avait affirmé avoir exercé de la pression sur le sénateur afin qu'il consente à annoncer qu'il allait rembourser ses dépenses. Mais il avait aussi décrit comment M. Duffy, par le biais de son avocat, avait imposé des conditions au cours des pourparlers, notamment pour s'assurer qu'il n'essuierait aucune perte financière.

Plus tôt lundi, Donald Bayne avait terminé l'examen d'une série de contrats ayant également contribué au dépôt d'accusations criminelles contre son client.

Mike Duffy s'est en effet arrangé pour que son ex-collègue Gerry Donohue obtienne auprès du Sénat des contrats d'une valeur de 65 000 $ afin qu'il puisse ensuite payer divers fournisseurs de services à la demande du sénateur.

M. Duffy a fait valoir qu'il avait besoin d'aide pour déchiffrer les politiques du gouvernement et pour mieux défendre ses idées.

Selon Me Bayne, son client n'a reçu aucun pot-de-vin en lien avec ces contrats qui ont tous été soumis à la chambre haute dans la plus grande transparence. Si l'avocat reconnaît qu'ils ont été payés d'une manière peu orthodoxe, il soutient qu'ils n'avaient rien de criminel.