Le tout nouveau président du Sénat a indiqué lundi que pour éviter tout risque d'abus, les membres de la chambre haute avaient été fortement encouragés à ne jamais signer de réclamations de remboursement «en blanc».

Témoignant lundi au procès criminel de Mike Duffy, George Furey, d'allégeance libérale jusqu'à ce que le chef Justin Trudeau exclue tous les sénateurs de son caucus, a assuré qu'il n'avait jamais signé de telles réclamations de dépenses en blanc - une bien mauvaise pratique de gestion, à ses yeux.

Une adjointe de Duffy a déjà indiqué au procès que l'ancien sénateur conservateur de l'Île-du-Prince-Édouard, pour accélérer la procédure bureaucratique, avait déjà apposé sa signature sur des formulaires de réclamation vierges, qui pouvaient être remplis par la suite.

Mike Duffy a plaidé non coupable à 31 chefs de fraude, de corruption et d'abus de confiance relativement à des réclamations de dépenses en matière de logement, de voyages et de services divers. Pour sa défense, ses avocats plaident notamment que les règles d'admissibilité de ses dépenses étaient très floues et laissaient donc place à l'interprétation. Une thèse déjà énoncée en 2010 par la firme de vérification comptable Ernst &Young.

Lors de l'examen du rapport de vérification des dépenses de Duffy en 2013, le sénateur libéral Furey était l'un des trois membres du bureau de direction du Comité sénatorial permanent de la régie interne, des budgets et de l'administration. Il a indiqué lundi au procès que les hauts fonctionnaires recevaient des demandes d'éclaircissements de la part de sénateurs au sujet de l'admissibilité de certaines dépenses, un scrupule encouragé, a-t-il dit.

La Couronne reproche notamment à Duffy d'avoir réclamé des remboursements pour ses frais de logement à Ottawa alors qu'il y habitait depuis des années à titre de courriériste parlementaire.

L'avocat de Duffy, Donald Bayne, a fait dire au témoin, plus tôt lundi, que devant les enquêteurs, il avait déjà soutenu que les distinctions entre résidence principale et secondaire n'avaient pas besoin d'être précisées puisqu'elles «allaient de soi». Selon Me Bayne, le sénateur Furey aurait alors déclaré qu'une résidence principale, c'est là où habite son conjoint ou sa conjointe et le chien du couple, et où se trouve «son pub habituel».