Plusieurs mois avant son arrestation en octobre 2014, le jeune Montréalais de 16 ans, accusé de terrorisme, visionnait et téléchargeait régulièrement du matériel de propagande djihadiste. Et déjà, il entretenait des échanges en ce sens, a-t-on appris ce matin alors que se poursuivait le témoignage de Martin Désormeaux, policier de la GRC qui a expertisé l'ordinateur de l'adolescent. Celui-ci est jugé en Chambre de la jeunesse de la Cour du Québec à Montréal devant la juge Dominique Wilhelmy.

Rappelons que le jeune - dont l'identité est frappée d'un interdit de publication - est accusé d'avoir commis un vol qualifié au profit d'une organisation terroriste (il a plaidé coupable) et d'avoir voulu quitter le Canada pour participer aux activités d'un groupe terroriste. Il est le premier Canadien à être jugé sous cette accusation en vertu de la Loi sur la lutte contre le terrorisme. 

Depuis mars 2014 et jusqu'à l'automne dernier, l'adolescent a visionné et téléchargé - souvent la nuit - une quantité impressionnante de photos, de vidéos et de textes associés au djihadisme, et ce, malgré un logiciel de contrôle parental. À l'occasion, des sites ont été bloqués. C'est ce que révèlent les détails des rapports de M. Désormeaux exposés ce matin. Le policier est affecté au groupe intégré de la criminalité technologique.

L'ado a notamment téléchargé le film de propagande du groupe État islamique Flames of War et visité à de nombreuses reprises le site jihadology.net. Parmi les textes retracés, une nouvelle de Radio-Canada intitulée Les infidèles du Canada doivent aussi mourir, affirme le groupe État islamique. Le policier a également noté des échanges sur Skype et sur les réseaux sociaux, dont une demande au sujet du passeport canadien et d'un visa. 

Selon l'interrogatoire du 17 octobre 2014, l'adolescent a déclaré avoir façonné sa vision de l'islam en naviguant sur internet. 

Le père de l'accusé, qui l'a lui-même dénoncé, assiste au procès. À quelques reprises, l'homme s'est pris la tête entre les mains, a essuyé ses yeux. Dans le box des accusés, l'adolescent, vêtu d'un survêtement de sport noir, est resté calme. À aucun moment, il n'a tourné les yeux vers les spectateurs. 

Le procès se poursuit cet après-midi.