Le procès Duffy a ajourné ses travaux jusqu'au 18 novembre, hier, au terme du témoignage de Chris Woodcock, ancien directeur des enjeux du cabinet du premier ministre.

La Couronne avait envoyé une citation à un témoin central de l'affaire, Gerald Donohue, pour le convoquer à témoigner cet après-midi. Mais l'avocat de Mike Duffy, Donald Bayne, a fait valoir qu'un membre de sa propre famille éprouvait des problèmes de santé et qu'il préférait ajourner le procès dès maintenant plutôt que vendredi, comme l'horaire le prévoyait.

Le procès reprendra donc à la mi-novembre pour cinq semaines, dans la salle 33 du palais de justice d'Ottawa. Les parties croient qu'elles pourraient en principe terminer les audiences durant cette période. Le procès, qui en était à sa 46e journée mardi, devait initialement prendre fin en juin.

Jeux de coulisses

Le témoin de mardi, Chris Woodcock, a été l'un des principaux acteurs des jeux de coulisses qui se sont déroulés entre décembre et mai 2013, au coeur de l'affaire Duffy et lorsque le cabinet du premier ministre tentait de mettre fin à un scandale qui faisait du tort au gouvernement Harper.

M. Woodcock, qui était notamment chargé de rédiger les déclarations publiques que devait livrer Mike Duffy, a affirmé qu'il ne voyait pas ces déclarations comme étant trompeuses. M. Duffy a déclaré qu'il avait lui-même remboursé 90 000$ aux contribuables pour des frais de subsistance réclamés par erreur. Mais cet argent devait plutôt provenir du Parti conservateur. La facture a finalement été épongée par l'ancien chef de cabinet Nigel Wright.

«Ça n'a pas semblé important à l'époque. Je peux comprendre maintenant, avec le bénéfice du recul, en lisant tous les courriels ensemble et en voyant comment ç'a été perçu...» a-t-il dit.

M. Woodcock a par ailleurs affirmé que certaines des démarches faites auprès de Deloitte par le sénateur conservateur Irving Gerstein pour tenter d'influencer discrètement les résultats de la vérification indépendante de la firme l'avaient rendu mal à l'aise.

Donohue

Gerald Donohue est l'ami de longue date de Mike Duffy à qui le sénateur suspendu a accordé des contrats de consultation de 65 000$ à même le budget d'exploitation de son bureau. La Couronne allègue que M. Duffy redirigeait ensuite ces sommes pour payer d'autres services qui n'étaient pas nécessairement admissibles à un remboursement par la Chambre haute, dont ceux d'un entraîneur personnel.

Ainsi, 8 des 31 accusations qui pèsent contre le sénateur suspendu portent sur cette relation contractuelle, qui a été découverte par hasard par la Gendarmerie royale du Canada dans le cadre de son enquête sur les frais de subsistance réclamés par le sénateur et le paiement de 90 000$ reçu de Nigel Wright.

M. Donohue éprouve toutefois de graves problèmes de santé et il ne serait donc en mesure de témoigner qu'à distance et pour de très courtes périodes. On ignore donc la forme que prendra son témoignage au retour de cette pause de trois mois.