Un Montréalais vient d'être condamné à 20 mois de prison pour avoir transmis par Facebook des instructions afin de fabriquer des engins explosifs et de couler des bateaux « israéliens et américains ».

Nejib Belhaj-Chtioui a été arrêté en décembre dernier à l'aéroport Montréal-Trudeau, au retour d'un séjour en Tunisie, son pays d'origine. Il était détenu depuis, de crainte qu'il ne prenne la fuite.

Lundi après-midi, il a plaidé coupable à une accusation d'avoir « transmis des informations pouvant faire craindre des activités terroristes » en 2011.

À l'époque, avec un compte Facebook à un autre nom, M. Belhaj-Chtioui a envoyé à un autre internaute les instructions pour fabriquer « un crayon qui tue, une chandelle qui explose, une planche de bois avec explosifs qui peut faire sauter les bateaux israéliens et américains », a expliqué la procureure de la Couronne Lucie Martineau. Les « recettes » étaient destinées à « aider [leurs] frères moudjahidin » et à « punir les apostats, ceux qui sont non croyants », a ajouté l'avocate.

Les bureaux américains de Facebook avaient eux-mêmes pris contact avec la Sûreté du Québec (SQ) afin d'indiquer qu'un Montréalais transmettait ce type d'informations par l'entremise de leur réseau social. L'identité du destinataire des informations demeure inconnue.

Après la comparution, Me Martineau a précisé que M. Belhaj-Chtioui n'est pas soupçonné d'avoir rédigé de sa propre main les instructions au centre de l'affaire, mais accusé uniquement de les avoir transmises. « Ce sont des téléchargements qui proviennent d'internet qui ont été acheminés avec des textes », a-t-elle dit. « Je ne crois pas qu'il les ait écrits. »

Lundi, la juge Louise Villemure a approuvé la suggestion commune de la défense et de la pousuite pour une peine globale de 20 mois, dont 8 restent à purger. Il sera ensuite privé de réseaux sociaux pour deux ans.

« Les gestes constituent un crime très sérieux. La sécurité de la population pouvait être compromise par vos agissements », a affirmé la magistrate.

En s'adressant à la juge, Belhaj-Chtioui a expliqué qu'au moment de transmettre ces documents, il traversait une période de dépression et s'inquiétait pour sa famille demeurée en Tunisie, en pleine révolution. « J'étais seul ici et j'étais inquiet pour ma famille », a-t-il dit, l'air piteux et vêtu d'un t-shirt blanc.

Son avocat, Nicolas Welt, a souligné que son client avait plaidé coupable longtemps avant son procès, prévu pour l'an prochain. « Il a reconnu ses torts et il doit vivre avec les conséquences maintenant », a-t-il dit. « Ça a pris beaucoup d'importance pour lui dans les derniers mois de reconnaître ce qu'il a fait. »