Un couple durement affecté par une complication post-accouchement s'est vu accorder un dédommagement de presque 350 000 $ par la Cour d'appel du Québec, seize ans et une faillite après les faits.

Dans son jugement publié la semaine dernière, le tribunal refuse d'imputer aux hôpitaux Saint-Luc et Brome-Missisquoi la responsabilité de l'infection bactérienne qui a transformé la vie de Linda Roy.

Mais les trois juges ont tout de même conclu que les erreurs médicales à répétition commises dans le traitement de la patiente, en décembre 1998, avaient causé des torts psychologiques majeurs à Mme Roy et à son conjoint Hugues Castonguay.

«Pas moins de dix-sept fautes successives ont été commises par le personnel infirmier et certains médecins, ce qui n'est pas peu dire!», s'est exclamée la Cour d'appel dans son jugement. «Les multiples fautes constatées [...] sont à l'origine des souffrances et des craintes des appelants.»

Le tribunal infirme ainsi la décision de la Cour supérieure, qui avait déterminé en 2013 que la preuve était insuffisante pour forcer les médecins ou les hôpitaux impliqués à verser un dédommagement au couple.

Mme Roy et M. Castonguay demandaient 1,5 million aux deux hôpitaux et à quatre professionnels de la santé. Ils ont finalement obtenu 200 000 $, auxquels s'ajoutent d'importants intérêts.

Uu « cauchemar »

Linda Roy a contracté une bactérie rare et virulente, le staphylocoque doré, lors de son accouchement par césarienne en décembre 1998 à l'hôpital Saint-Luc. Deux jours après avoir obtenu son congé, la femme a été admise à l'Hôpital de Brome-Missisquoi avec des douleurs intolérables.

La suite de l'histoire est un «cauchemar», avait résumé la Cour supérieure. Des médecins, infirmières et résidents des deux hôpitaux avaient tardé à trouver l'origine de l'infection bactérienne en omettant d'effectuer des tests prescrits, en évaluant mal les symptômes de la patiente et en manquant de rigueur dans leur travail, selon le tribunal.

«Que l'appelante [Mme Roy] affirme ne pas avoir été prise au sérieux et qu'elle ait cru qu'elle allait mourir relèvent de l'euphémisme», vient de conclure la Cour d'appel.

Il y a trois ans, le couple avait fait les manchettes pour dénoncer la difficulté qu'ont les victimes d'erreurs médicales à faire respecter leurs droits devant l'arsenal judiciaire souvent déployé par les médecins et les hôpitaux.

Durant son combat pour obtenir compensation, le couple Roy-Castonguay a dû déclarer faillite. M. Castonguay a aussi fait une tentative de suicide en 2002, écrasé par le poids des responsabilités.

Aucune des parties impliquées dans l'affaire n'a rappelé La Presse.